Une des activités d’exploitation des ressources naturelles qui produit le plus d’effets négatifs et qui, en même temps, génère le plus de bénéfices est l’industrie minière. C’est peut-être pour cela que les plus grandes entreprises mondiales du secteur se font concurrence, non seulement pour les réserves minérales, mais aussi pour le degré de perfection avec lequel elles travaillent sur l’imaginaire populaire pour être considérées comme des exemples de « durabilité ».
Bulletin Numéro 167 - Juin 2011
L'industrie minière et les communautés
LE THÈME CENTRAL DE CE NUMÉRO : L'INDUSTRIE MINIÈRE ET LES COMMUNAUTÉS
L’activité minière, fortement destructrice, a de graves conséquences pour les forêts et pour les communautés qui en dépendent. Elle figure parmi les causes directes de la déforestation, et le présent bulletin est consacré à quelques-uns de ses effets.
Or, qu’y a-t-il derrière l’extraction minière ? Pour répondre à cette question nous examinons les éléments qui sous-tendent cette activité et qui, de ce fait, peuvent devenir des causes indirectes de déboisement : premièrement, le modèle du soi-disant développement qui, ne tenant pas compte des limites de la nature, provoque une demande croissante et incontrôlée de biens de consommation, favorable à des entreprises de plus en plus grandes ; deuxièmement, l’intensification de l’extraction nécessaire à la production de ces biens.
L’industrie minière est fortement responsable du réchauffement planétaire et donc du changement climatique ; pourtant, les projets REDD, formulés dans le cadre de la Convention des Nations unies sur les changements climatiques, permettent à l’industrie minière de laver son image pour qu’elle puisse poursuivre ses activités génératrices d’émissions de gaz à effet de serre. Ainsi, ces projets REDD deviennent, pour incroyable que cela paraisse, des causes indirectes de déboisement.
Cependant, l’avancée de l’industrie minière suscite en contrepartie la résistance fertile de nombreuses communautés qui montrent la marche à suivre. Le présent bulletin est à elles.
Bulletin WRM
167
Juin 2011
NOTRE OPINION
L'INDUSTRIE MINIÈRE : IMPACTS ET RÉSISTANCE
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29 juin 2011Face à l’augmentation des prix des matières premières et à l’accaparement de certains minéraux par certaines économies émergentes, l’Europe aiguise ses griffes. Les pays du Sud qui contiennent une grande quantité de richesses sont, comme toujours, les grands perdants, en particulier leurs populations. Ces derniers jours, les géants de l’industrie minière mondiale, les redoutés « majors », se sont réunis dans un luxueux hôtel de Barcelone, évènement qui est passé totalement inaperçu, de même que les conclusions auxquelles seront parvenues la Barrick Gold, la Rio Tinto, la Goldcorp, la BHP Billiton entre autres parmi les 150 entreprises minières transnationales géantes qui accaparent le total de la valeur de la production minérale mondiale.
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29 juin 2011Il est évident que l’activité minière peut représenter une menace pour l’intégrité des forêts. L’élimination de la végétation superficielle et le nettoyage des sols pour avoir accès aux minerais souterrains a des répercussions évidentes qui, très fréquemment, sont de longue durée. Les dégâts provoqués en surface par les mines mêmes, avec l’érosion et le colmatage correspondants, se voient aggravés par les tas de résidus, les déversements de déchets liquides, les travaux miniers associés, les nappes phréatiques altérées et les changements chimiques locaux. Cela comprend le drainage minier acide, la dissémination de métaux lourds et la pollution des sols et des cours d’eau qui en découle.
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5 juin 2011Au Guatemala les autorités gouvernementales continuent à promouvoir l’industrie minière des métaux, malgré le mécontentement généralisé des communautés locales et des peuples indigènes qui ont effectué une série de consultations chez les habitants, de bonne foi, d’où il est ressorti un refus manifeste et total de cette activité. Pendant des années, l’extraction minière des métaux se profilait à l’horizon et exploitait les massifs ou les chaînes de montagne, mais il y a un peu plus de deux ans surgit la nouvelle surprenante de la concession de quatre permis qui visaient l’exploration et la prospection de gisements de fer et d’autres métaux sur la côte Sud du pays.
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5 juin 2011Il y a environ 110 groupes ethnolinguistiques aux Philippines, et ils représentent presque 15 % de la population. La plupart vivent dans les chaînes de montagnes et dans les régions côtières [1]. Or, les zones des Philippines qui contiennent des minerais se trouvent aussi dans ces montagnes. Neuf millions d’hectares, soit près de 30 % du territoire, contiennent des minéraux et sont exploités par le gouvernement et par des investisseurs miniers. L’industrie minière n’apporte par an qu’une moyenne de 1,2 % du produit intérieur brut, tandis que les populations subissent une longue liste d’effets indésirables : ressources épuisées, environnement et habitat naturel endommagés, pollution, problèmes de santé, coûts économiques [2].
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5 juin 2011Le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) a publié un nouveau rapport, intitulé « Dissocier la croissance économique de la consommation de ressources naturelles et de son impact sur l’environnement» [*]. Le rapport fait état d’une situation alarmante en ce qui concerne la consommation des ressources de la planète : si la consommation actuelle des pays industrialisés de l’hémisphère Nord se maintient et que celle des pays dits « émergents » de l’hémisphère Sud continue d’augmenter de façon accélérée, on prévoit qu’en 2050 le monde consommera près de 140 milliards de tonnes de minerais, de minéraux, de combustibles fossiles et de biomasse, soit trois fois plus qu’aujourd’hui.
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5 juin 2011En 2009, Rio Tinto, une des plus grandes entreprises minières du monde, a expliqué comment elle espérait utiliser REDD « comme un outil économique pour compenser [son] empreinte carbonique et conserver la diversité biologique ». Cela explique en un mot l’intérêt de l’industrie minière pour le système REDD : les entreprises espèrent continuer leurs activités extractives tout en dépensant des sommes d’argent comparativement petites à acheter des crédits REDD pour « compenser » la destruction. Il suffit de regarder la participation de l’industrie minière à des projets REDD en Indonésie pour savoir que cette industrie compte sur REDD pour continuer de fonctionner comme toujours.
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5 juin 2011L’or est en hausse pour la dixième année consécutive. Dernièrement, des investisseurs, des opérateurs et des banques centrales l’ont recherché comme refuge sûr face à la situation instable de l’économie mondiale. Ceci a de graves conséquences, vu que l’extraction d’or est une des pratiques minières les plus destructives et les plus polluantes. Les regards des compagnies minières se sont tournés vers l’Amérique latine, et en Colombie s’est déclenchée une véritable fièvre de l’or. D’un autre côté, la résistance populaire pour défendre la vie, l’eau, l’environnement et la culture s’intensifie jour après jour.
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5 juin 2011La province de Palawan possède la forêt la mieux conservée et la plus riche en diversité écologique des Philippines ; elle est habitée par des communautés indigènes vulnérables qui vivent en situation d’isolement partiel.
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5 juin 2011Les ressources naturelles et écologiques de l’Afrique ont toujours été convoitées. La terre, les minéraux, le gaz, le pétrole, le bois, les eaux territoriales et tant d’autres ressources sont souvent l’objet de disputes pour le continent. L’accès et la redistribution des ressources africaines sont derrière les interventions politiques et militaires de coalitions de pays occidentaux, à l’extérieur ou sous les auspices des Nations unies, dans des pays comme la Somalie, le Soudan, la République démocratique du Congo, les Comores, le Tchad, l’Ouganda, le Zimbabwe, la République centrafricaine, le Libéria et, dernièrement, la Lybie et la Côte d’Ivoire.
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5 juin 2011Dans un État comme celui d’Orissa, où les Dalit et les groupes tribaux représentent près de 40 % de la population, la question de l’accès à la terre et aux ressources (les forêts, l’eau, etc.) est au centre de tous les conflits. Pour les populations traditionnelles, l’accès est directement associé aux concepts de civilisation et à la philosophie culturelle, qui sont ceux qui décident des aspects économiques, à l’inverse de ce qui se passe dans les civilisations modernes, centrées sur la technologie. Ainsi, dans les milieux sociaux traditionnels l’interdiction d’accéder aux ressources affecte directement la sécurité alimentaire.
DÉFINIR LES FORÊTS
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5 juin 2011Nous avons reçu de nombreuses traductions de l’animation qui illustre graphiquement combien est erroné le point de vue adopté par la FAO pour définir les forêts. L’animation est disponible jusqu’à ce jour en anglais, espagnol, portugais, maya tsotsil, maya tseltal, maya popti, catalan, italien, aymara et finlandais. Nous invitons à la diffuser, à la télécharger, à la mettre dans des blogs et des sites web, à la divulguer dans des réseaux sociaux, et aussi à continuer de nous envoyer des traductions du texte précité, qui se trouve à l’adresse :http://www.wrm.org.uy/bosques/en_todos_los_idiomas.html.
LE COMMERCE DU CARBONE
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5 juin 2011Le Conseil de Gestion Forestière (FSC) a été créé en 1993 pour certifier la gestion des forêts indigènes de façon socialement juste, économiquement viable et appropriée pour l’environnement. En 1996, le FSC approuva la certification de plantations d’arbres en régime de monoculture, décision qui a fait l’objet d’innombrables critiques, dans la mesure où des millions d’hectares de plantations de ce type étaient en train d’obtenir le certificat FSC (voir l’éditorial du bulletin nº 163 du WRM). Plus tard, le FSC décida aussi de s’associer au « marché du carbone », en certifiant des zones de forêts et/ou des plantations pour lesquelles se commercialisaient les dénommés « crédits de carbone », calculés à partir d’une quantité supposée de cette substance emmagasinée dans les arbres.
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5 juin 2011La deuxième session en 2011 des pourparlers pourparlers de l’ONU sur le climat s’est terminée en juin, à Bonn, sans résoudre le problème essentiel de la réduction de la pollution et sans discuter de la manière de réduire davantage les émissions de gaz qui sont la cause principale du changement climatique. Les organisations pour la justice climatique ont manifesté leur préoccupation croissante face au fait que les pays riches industrialisés ne prennent pas de mesures réelles pour s’attaquer au changement climatique :