Sélection d'opinions de la société civile organisée autour du thème des forêts

Image
WRM default image

Les résultats futurs du Sommet mondial pour le développement durable (SMDD), et leurs rapports avec l'avenir des forêts du monde sont une source d'inquiétude pour de nombreuses organisations environnementalistes, sociales, et de peuples autochtones. Nous présentons ci-dessous un bref résumé des thèmes principaux qui préoccupent quelques-unes d'entre elles.

* Alliance mondiale des peuples autochtones des forêts tropicales

Après avoir déclaré que "les engagements pris à Rio sont tombés dans l'oubli", l'Alliance mondiale dit que "plusieurs documents issus des réunions préparatoires, et des documents officiels du Sommet de Johannesburg s'écartent de l'esprit du chapitre 26 du Programme 21; ils ne soulignent pas notre rôle en tant que peuples originaires, ni nos modèles de conservation et de protection de l'environnement. D'autre part, le manque de volonté politique de nos gouvernants pour reconnaître et respecter les droits des peuples autochtones du monde a empêché la participation pleine et effective de ces peuples".

L'Alliance souligne le fait que "le développement et la conservation des forêts tropicales doivent être basés sur le respect et la garantie de nos droits fondamentaux. Nous sommes convaincus qu'aucun développement durable des forêts ne peut exister, sans le respect de nos droits en tant que peuples".

Dans ce sens, l'Alliance estime "qu'il est important que le Sommet mondial du développement durable reprenne les principes de la responsabilité environnementale, fondée sur la reconnaissance du droit des Peuples autochtones et des communautés locales de gérer et contrôler les ressources dont nous dépendons, et que les gouvernements assument l'obligation de maintenir ou de respecter les droits des Peuples indigènes et des autres citoyens. Moins de papiers, et plus d'actions pour sauvegarder notre mère la Terre".

La position de l'Alliance (en espagnol) est disponible sur: http://www.wrm.org.uy/actores/WSSD/OPI.htm

* Mouvement mondial pour les forêts tropicales (WRM) / Amis de la terre International (FoEI)

Les considérations suivantes font partie des recommandations de la publication conjointe sur les forêts rédigée par WRM et FoEI qui sera présentée à Johannesburg. Entre autres, il y est demandé au Sommet de "promouvoir des solutions positives au sujet de la déforestation et de la dégradation des forêts", ce qui implique que des engagements soient pris, au niveau national comme international.

Au plan national, le SMDD doit:

- Promouvoir la reconnaissance du droit à la terre des peuples indigènes et des communautés locales.
- Appuyer des modes de gestion agricole et forestière appropriés à l'environnement, et basés sur la petite et la moyenne échelle.
- Promouvoir des réformes en matière de terres qui assurent la distribution équitable des terres agricoles existantes.
- Favoriser des patrons de développement et de modes de vie qui intègrent la conservation de la biodiversité forestière à toutes les activités de production.

Au plan international, le SMDD doit:

- Promouvoir des changements positifs au niveau des institutions financières multilatérales (en particulier, le FMI et la Banque mondiale), pour assurer que tous leurs programmes et projets évitent la génération de répercussions négatives sur les forêts, les communautés locales et les peuples autochtones, et pour que la conservation des forêts y soit, le cas échéant, fortement considérée.
- Promouvoir des changements du même genre dans les agences de développement bilatérales et dans les agences de financement à l'exportation.
- Fournir aux forums pertinents (OMC, FMI, Banque mondiale, par exemple) des informations à propos de l'impact sur les forêts d'un accroissement du commerce international, et s'assurer que ces inquiétudes soient prises en compte.
- Assurer une collaboration étroite entre la Convention du changement climatique et la Convention sur la diversité biologique, à propos des répercussions du réchauffement global sur la biodiversité, et de la déforestation sur le changement climatique.
- Générer la prise de conscience sur les impacts de la consommation croissante du Nord sur les forêts du Sud, comme un premier pas vers un changement des modes actuels de consommation non durables.

Les positions du WRM et de ATI sur le SMDD sont disponibles sur:
http://www.wrm.org.uy/actors/WSSD/index.html (en anglais)
http://www.rio-plus-10.org/fr/

* Réseau du Tiers monde

Le Réseau du Tiers monde exhorte les organisations à prendre part dans le processus du SMDD en tenant compte des conséquences que les accords résultant de Johannesburg auront sur les personnes et l'environnement. Parmi d'autres considérations, le Réseau du Tiers monde souligne:

"Du fait de sa condition de sommet multilatéral sur le développement durable, ses résultats toucheront le travail de tous les groupes de la société civile. La rédaction et l'application d'un programme mondial pour l'atténuation de la pauvreté, la durabilité environnementale et le développement économique et social sont des tâches qui ne devraient pas être laissées aux gouvernements (aux gouvernements du Nord, pour plus de précision), et surtout pas aux groupes d'affaires".

Donc, "les groupes de la société civile à tous les niveaux doivent contribuer à contrôler, à défendre et à manœuvrer pour un plan d'action large qui permette une distribution juste et équitable des ressources mondiales entre les riches et les pauvres, le Nord et le Sud, et qui protège l'environnement de la planète afin de sauvegarder l'avenir du monde. Après tout, le document qui sortira de Johannesburg sera en lui-même un plan d'action sur la vie. Si nous laissons la vie s'échapper, nous aurons perdu une occasion".

La position de Réseau du Tiers monde (en anglais) est disponible sur: http://www.twnside.org.sg/wssd.htm

* Coalition mondiale pour les forêts

La Coalition mondiale pour les forêts insiste sur le besoin de "lutter / manœuvrer pour arrêter la déforestation et la dégradation des forêts, en abordant les causes sous-jacentes qui les provoquent". En outre, elle souligne le "besoin d'essayer de mettre fin au contrôle et à la gestion des forêts par les entreprises (que l'avenir des forêts ne soit pas défini par les intérêts des entreprises et du commerce), et de lutter pour que les forêts soient restituées aux Peuples autochtones et aux communautés".

Quant au SMDD spécifiquement, la Coalition mondiale pour les forêts met en premier lieu le besoin de convaincre l'opinion publique et les autorités responsables "que le contrôle permanent des régions boisées, le commerce et la gestion exercés par les entreprises se sont avérés pernicieux pour les forêts de tout point de vue, et qu'il s'impose de commencer une nouvelle ère de contrôle des forêts par les communautés et les Peuples autochtones. C'est la seule manière dont les forêts deviendront un véhicule de bien-être et de développement durable, et la seule manière d'assurer que les forêts continueront à offrir tous leurs bienfaits environnementaux".

* Greenpeace International

Greenpeace partage l'inquiétude de la plupart des organisations de la société civile qui participent aux processus mondiaux, et résume ainsi les dix dernières années:

"Depuis le Sommet de la Terre à Rio, il y a eu plus de rhétorique que d'action pour protéger l'environnement et les ressources naturelles dont nos vies dépendent. Tout en agitant le drapeau du "développement durable", les gouvernements et les entreprises ont continué d'agir comme d'habitude, suivant la voie de la croissance économique à tout prix, avec très peu de respect pour les limites écologiques. Lorsque quelque mesure a été prise autour d'un thème en particulier, c'est parce que les dégâts à l'environnement étaient si grands que les gouvernements ne pouvaient pas les cacher, ou parce que les organisations militantes ont forcé un changement. Il est extraordinaire que des abus contre l'environnement continuent de se produire au XXIe siècle. A l'échelle mondiale, nous sommes engagés en une guerre contre l'environnement. Il est nécessaire de faire la paix avec la planète et avec nous-mêmes. Entre-temps, des promesses fondamentales, des engagements et des obligations issues de traités ne sont toujours pas tenus. Les pratiques manifestement non durables, injustes, sans régulation ni punition, se poursuivent toujours".

La position de Greenpeace (en anglais) est disponible sur: http://archive.greenpeace.org/earthsummit/

* Union internationale pour la conservation de la nature (UICN)

L'UICN signale le "besoin urgent de comprendre que la conservation des forêts en faveur des démunis peut contribuer à éradiquer la pauvreté de plusieurs manières, par exemple en protégeant et en élargissant la base des ressources des pauvres, en améliorant le mode de gouvernement, en assurant une distribution plus équitable des coûts et des bénéfices, et en mettant les modes de vie à l'abri des bouleversements économiques et des désastres naturels".

Pour établir le lien entre les conséquences sociales et environnementales de la conservation des forêts, l'UICN souligne qu'il est "nécessaire que les approches pratiques réconcilient la manière dont les forêts sont utilisées pour obtenir des bénéfices sociaux, économiques et environnementaux de façon équitable. Si cela ne peut pas se faire, il est possible que les thèmes relatifs aux forêts descendent encore plus bas sur l'échelle des priorités des agendas internationaux, y compris le SMDD".

La position de l' UICN (en anglais) est disponible sur: http://www.iucn.org/wssd/policy_programmes_forest.htm

*Oilwatch

L'extraction de pétrole dans les tropiques provoque le déboisement et la dégradation de la forêt. Tout l'écosystème forestier -et les modes de vie des peuples qui l'habitent- en est profondément atteint: l'eau potable est empoisonnée, l'air est pollué, la flore et la faune se font rares, les droits humains sont violés, les cultures locales sont détruites.

Prenant en compte les effets mentionnés et d'autres, qui découlent de l'exploitation de pétrole dans les tropiques, Oilwatch a promu, dans divers forums internationaux, l'imposition d'un moratoire contre de nouvelles prospections de pétrole et de gaz dans ces régions. "Nous croyons que la substitution des combustibles fossiles par des sources renouvelables, décentralisées et propres est une condition urgente... si nous voulons parler sérieusement d'un engagement dans le sens du changement climatique et de la durabilité. Les pays exportateurs de pétrole doivent couper leurs liens de dépendance économique avec le pétrole ou le gaz, et diversifier leur économie".

* Réseau international des forêts et des communautés

Le Réseau international des forêts et des communautés résume la situation actuelle en disant que "les initiatives et les négociations nationales et internationales ont failli à maintes reprises à assurer la "durabilité" des forêts et des communautés du monde, et qu'il est donc "temps de faire une approche différente". Cette approche nouvelle est détaillée dans les "10 points de discussion" que le Réseau international des forêts et des communautés présente à Johannesburg. Les 10 Points pour les forêts peuvent servir de point de départ d'une recherche sur la manière de créer un mouvement mondial plus puissant, un mouvement dirigé vers la durabilité conçue et appliquée par des acteurs de base, centré sur les causes qui sont à l'origine de la perte et de la dégradation des forêts".

Le texte complet des 10 Points pour les forêts (en anglais) est disponible dans: http://www.wrm.org.uy/actors/WSSD/INFC.htm

* Projet d'action pour les mangroves (MAP)

MAP met en relief le danger dans lequel se trouve l'un des écosystèmes forestiers les plus menacés et les moins connus: la mangrove.

Après avoir signalé qu'il reste moins de 50% des mangroves, et que sur ces 50% qui restent, plus de 50% sont dégradés, MAP énumère les causes qui ont provoqué une telle situation, parmi lesquelles figure "la demande consommatrice de crevettes, et l'expansion conséquente des méthodes destructrices de production utilisées par l'élevage industriel dirigé à l'exportation".

MAP en conclut donc que "toute discussion sur la manière de conserver la biodiversité de la planète doit inclure la manière d'assurer la restauration et la conservation des écosystèmes de la mangrove".

La position de l' MAP (en anglais) est disponible sur: http://www.wrm.org.uy/actors/WSSD/MAP.htm