Depuis sa création il y a 20 ans, le Mouvement mondial pour les forêts tropicales (WRM) a toujours défendu les efforts issus de la base de protéger les forêts du monde contre l’exploitation destructrice et la planification directive. Nous nous opposons aux « solutions » de la crise mondiale des forêts qui excluent les communautés locales, les peuples autochtones, les femmes et les opprimés en leur refusant le droit de parole et celui de forger leur propre destinée. Nous répétons sans cesse que même les efforts bien intentionnés de « sauver les forêts tropicales » échoueront s’ils ne sont pas authentiquement participatifs et fondés sur le respect des droits. « Nous ne sommes pas la solution.
Bulletin Numéro 114 - Janvier 2007
Les forêts de haute valeur pour la conservation
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À l’origine, le concept de forêt de haute valeur pour la conservation (FHVC) a été formulé pour démarquer les diverses zones des paysages boisés, dans le but d’optimiser l’aménagement forestier. Issu d’un système de certification volontaire (le FSC), il est maintenant mis en avant par les entreprises, les gouvernements et les grandes ONG conservationnistes. Du moment que cet instrument soulève une série de questions quant aux avantages et aux inconvénients de son utilisation, le présent bulletin vise à fournir des informations et des analyses destinées à faciliter un débat approfondi à ce sujet.
Bulletin WRM
114
Janvier 2007
NOTRE OPINION
DES DECISIONS A PRENDRE
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29 janvier 2007Dès qu’un nouveau processus est lancé, les ONG doivent décider si elles y participent ou non. C’est ce qui arrive maintenant avec l’approche fondée sur les hautes valeurs pour la conservation (HVC) et avec le Réseau sur les ressources HVC. L’éditorial qui précède énumère une série de questions sérieuses dont il faut discuter en profondeur pour pouvoir prendre à ce sujet une décision bien fondée.
UN MANUEL ET UN RESEAU
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29 janvier 2007La notion de « forêt de haute valeur pour la conservation » apparut au départ dans la version corrigée des principes fondamentaux du Forest Stewardship Council publiée en 1999 mais, à l’époque, les indications sur la manière d’identifier de telles forêts étaient rares et mal documentées. En 2002, l’organisation conservationniste WWF et l’entreprise de vente au détail IKEA décidèrent, dans le cadre d’un programme de coopération sur trois ans, de financer un petit projet destiné à formuler des orientations sur la définition, l’identification et la gestion des FHVC. À cette fin, elles engagèrent ProForest, une « entreprise indépendante qui s’occupe de l’aménagement des ressources naturelles et se spécialise dans les approches pratiques de la durabilité ».
LE CONCEPT DE FHVC DANS LA PRATIQUE
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29 janvier 2007La nouvelle politique en matière de forêts (PO 4.36) adoptée en 2002 par la Banque mondiale établit que « la Banque ne finance pas les projets qui, à son avis, impliqueraient une conversion ou une dégradation importante de sites forestiers critiques ou d’habitats forestiers critiques ». Néanmoins, dans les cinq années qui ont suivi et malgré les demandes réitérées d’ONG comme le WRM, la Banque n’a jamais été en mesure d’expliquer comment elle détermine quels sites sont « critiques ».
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29 janvier 2007Le concept de FHVC est appliqué en Indonésie depuis cinq ans, pour essayer d’identifier les forêts de haute valeur pour la conservation et d’éviter qu’elles soient transformées en plantations d’arbres pour la fabrication de pâte à papier. Les plus grands producteurs de pâte de l’Indonésie, APP et APRIL, ont répondu aux pressions du marché orchestrées par le WWF et les organisations affiliées aux Amis de la Terre en faisant et en commandant des évaluations de la valeur des forêts dans les zones boisées qu’il était prévu de transformer en plantations d’acacias. Certaines zones boisées considérées comme FHVC n’ont pas été défrichées, mais les deux entreprises ont continué d’abattre des forêts naturelles en cours d’évaluation et même d’autres déjà classées HVC.
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29 janvier 2007L’Indonésie possède quelques-unes des forêts tropicales les plus riches en diversité biologique, mais aussi le taux de déboisement le plus élevé du monde. Le concept de FHVC (forêt de haute valeur pour la conservation) y a fait son chemin comme un moyen de réconcilier les pressions économiques pour ouvrir les zones boisées avec le besoin de ralentir le rythme de disparition des forêts.