Les impacts de l’industrie minière sur l’environnement et sur la société

Image
Minería.

L’industrie minière est une activité de courte durée mais dont les effets persistent longtemps. Personne ne peut (ne doit) douter que lorsqu’elle est effectuée dans des zones boisées elle constitue un facteur de déprédation des forêts. Il est estimé que l’extraction minière, jointe à la prospection du pétrole, met en péril 38% des dernières étendues de forêt primaire du monde.

Les activités minières comprennent diverses étapes, chacune impliquant des impacts environnementaux particuliers. D’une manière générale, ces étapes seraient: la prospection et l’exploration des gisements, la mise en place et la préparation des mines, l’exploitation des mines, et le traitement des minéraux obtenus dans des installations appropriées afin d’en tirer des produits commerciaux.

Pendant la phase d’exploration, quelques-unes des activités ayant des impacts sur l’environnement sont la préparation des voies d’accès, les relèvements topographiques et géologiques, le montage de campements et d’installations auxiliaires, les travaux de géophysique, les recherches hydro-géologiques, l’ouverture de fossés et de puits de reconnaissance, et la prise d’échantillons.

Pendant la phase d’exploitation, les impacts qui se produisent dépendent de la méthode utilisée. Dans les zones de forêts, le défrichement des sols et l’élimination de la végétation – plus vaste dans le cas des mines à ciel ouvert – ont des impacts à court terme, à moyen terme et à long terme. La déforestation atteint non seulement l’habitat de centaines d’espèces endémiques (dont beaucoup sont portées à l’extinction) mais aussi le maintien d’un flux constant d’eau à partir des forêts vers les autres écosystèmes et vers les centres urbains. Le déboisement des forêts primaires provoque un écoulement rapide de l’eau de pluie, ce qui aggrave les crues pendant les saisons des pluies, car le sol ne peut retenir l’eau comme il le ferait en présence de masses boisées.

En plus de la zone affectée par l’excavation, la dégradation superficielle provoquée par l’érosion et par l’ensablement qui s’ensuit (la sédimentation du lit des cours d’eau), est aggravée par l’accumulation de résidus de rocher sans valeur économique (que l’on appelle matière stérile), qui constituent souvent d’énormes montagnes, parfois plus vastes que la superficie sacrifiée pour l’excavation.

Les grandes quantités d’eau nécessaires à l’activité minière réduisent généralement la nappe phréatique du lieu, et arrivent même à assécher des puits et des sources. L’eau est souvent contaminée par l’écoulement acide, c’est-à-dire par l’exposition à l’air et à l’eau des acides qui se forment dans certains types de minerai – en particulier, dans le cas des minerais sulfuriques – qui à leur tour réagissent avec d’autres minéraux exposés. Cela donne lieu à un écoulement perpétuel circulaire de matériel toxique acide qui peut continuer pendant des centaines ou même des milliers d’années. D’autre part, les petites particules de métaux lourds qui peuvent, avec le temps, se détacher des résidus, se disséminent avec le vent et se déposent sur le sol et sur les lits des cours d’eau, et s’intègrent lentement aux tissus des organismes vivants tels que les poissons.

Des produits chimiques dangereux utilisés au cours des diverses étapes de traitement des métaux, tels que le cyanure, des acides concentrés et des composés alcalins, quoique censément contrôlés, finissent souvent, d’une manière ou d’une autre, dans le système hydrologique. La modification et la contamination du cycle hydrologique ont des effets collatéraux très graves qui portent atteinte aux écosystèmes environnants et aux personnes. Ces atteintes sont particulièrement graves dans le cas des forêts.

La contamination de l’air peut se produire par la poussière dégagée par l’activité minière, qui est une cause grave de maladies, généralement des troubles respiratoires chez les personnes et l’asphyxie chez les plantes et les arbres. D’autre part, il peut y avoir des émanations de gaz et de vapeurs toxiques, la production de dioxyde de soufre – responsable de la pluie acide – par le traitement des métaux, et de dioxyde de carbone et de méthane – deux des principaux gaz à effet de serre qui provoquent les changements climatiques – par le brûlage de combustibles fossiles et la création de lacs artificiels derrière les barrages hydroélectriques destinés à fournir l’énergie nécessaire pour les fonderies et les raffineries.

L’activité minière consomme d’autre part d’énormes quantités de bois, pour la construction, dans le cas des mines souterraines, et comme source d’énergie, dans les mines possédant des fours à base de charbon végétal. Lorsque cette activité est conduite dans des régions lointaines, elle implique également de grands travaux d’infrastructure, tels que des routes – qui ouvrent l’accès aux forêts -, des ports, des villages miniers, les détournements de fleuves, la construction de barrages et de centrales génératrices d’énergie.

Le bruit assourdissant des machines utilisées dans l’industrie minière, ainsi que celui des explosions, n’est pas un impact négligeable, car il crée des conditions qui peuvent s’avérer insupportables pour les habitants des lieux et pour les animaux des forêts.

On allègue que l’industrie minière est vitale pour l’industrialisation, parce qu’elle apporte des matières premières et des sources d’énergie. Cependant, la concentration disproportionnée de l’investissement actuel dans la recherche d’or et de diamants, des produits marginaux pour la production industrielle, réduit à néant la justification sociale des activités du secteur. En 2001, 82% de l’or raffiné a été destiné au marché de la bijouterie, et il convient de garder en mémoire que pour produire une bague en or la moyenne des déchets de roche générés dans une mine est de plus de trois tonnes. Aux Etats-Unis, la compagnie Pegasus Gold a fait disparaître la montagne Spirit Mountain de Montana, remplaçant ce qui avait été le site sacré des tribus par une mine d’or à ciel ouvert. La zone continuera à drainer de l’acide dans le bassin de la région pendant les 1 000 prochaines années.

Les diverses “fièvres de l’or” le long de l’histoire ont porté la mort et la dévastation aux populations locales. Des Sioux de Black Hills aux aborigènes de Bendigo en Australie, l’histoire de l’or est tachée de sang. Et aujourd’hui, les Yanomami et les Macuxi de l’Amazonie, les Galamsey d’Afrique Occidentale et les Igorot des Philippines courent les mêmes dangers.

L’industrie minière débarque dans un lieu en promettant de générer des richesses et des emplois, mais ceux qui peuvent témoigner des hauts coûts sociaux à payer sont des millions dans le monde entier: l’appropriation des terres des communautés locales, les impacts sur la santé, la modification des rapports sociaux, la destruction des moyens de subsistance et des modes de vie des communautés, la désagrégation sociale, les changements brusques et radicaux dans les cultures régionales, le déplacement d’autres activités économiques locales, actuelles ou futures. Sans compter les conditions de travail, dangereuses et insalubres, de ce genre d’activité.

On pourra alléguer que beaucoup des communautés affectées ont donné leur consentement. Mais on peut difficilement parler d’un consentement préalablement informé et authentique, puisque ces communautés n’ont pas le moyen de savoir exactement ce qui les attend lorsqu’on leur demande de mettre leur signature sur le pointillé au bas d’un contrat. C’est pourquoi on réclame la mise en place de mécanismes qui permettent aux communautés indigènes et locales de participer effectivement aux processus de décision, et de normes qui leur permettent de refuser ce genre d’activités dans leurs territoires.

S’il y a des gens qui veulent porter de l’or, l’utiliser pour des traitements dentaires ou dans les microcircuits des ordinateurs et des téléphones mobiles, c’est très bien, mais qu’ils le prennent dans des sources recyclées. Sur les 125 000 tonnes d’or qui ont été tirées de la terre, plus de 35 000 tonnes dorment dans les chambres fortes des banques centrales. Ce qui plus est, la Réserve fédérale des Etats-Unis possède 8 145 tonnes d’or, environ 6% de tout l’or jamais extrait. Alors, quoi de mieux que de recycler l’or des banques!

Article rédigé à partir d’informations tirées de: Undermining the forests. Janvier 2000, par FPP, Philippine Indigenous Peoples Links et WRM, http://www.wrm.org.uy/deforestation/mining.html ; The decade of destruction, Mines & Communities Website, http://www.minesandcommunities.org/Company/decade.htm ; Global Mining Snapshot, April 2003; Making a Molehill out of a Mountain, 4 avril 2003, Mineral Policy Center, adresse électronique: mpc@mineralpolicy.org ; http://www.mineralpolicy.org ; Los Impactos Ambientales de la Minería: Una Guía Comunitaria, http://andes.miningwatch.org/andes/espanol/guia/capitulo_1.htm ; New research on the impact of mining, Oxfam Community Aid Abroad, adresse électronique: enquire@caa.org.au , http://www.caa.org.au/horizons/august_2001/researchmining.html; Fool’s Gold: Ten Problems with Gold Mining, Project Underground, adresse électronique: project_underground@moles.org , http://www.moles.org/ProjectUnderground/reports/goldpack/fools_gold.html ; Indigenous Peoples and the Extractive Industries: A Call on the World Bank to Overhaul its Institution, Emily Caruso, Forest Peoples Programme, adresse électronique: info@fppwrm.gn.apc.org , http://forestpeoples.gn.apc.org/index.htm .