Pour publication immédiate - 19 septembre 2008.
Communiqué de presse du Mouvement mondial pour les forêts tropicales,
des Amis de la Terre International
et de la Coalition mondiale des forêts
Les plantations industrielles d’arbres en régime de monoculture ont de graves effets écologiques, économiques et sociaux sur les communautés locales. Ces effets ont été largement constatés dans le monde entier, et notamment la diminution des réserves d’eau due aux changements du cycle hydrologique, la détérioration des fleuves et des ruisseaux; la pollution de l’air et de l’eau due à l’emploi de pesticides et d’autres produits chimiques agricoles; le déplacement de communautés entières dont la terre est occupée par des plantations; des violations des droits humains, des droits du travail et des droits environnementaux; des répercussions spécifiques sur les femmes, la détérioration de la diversité culturelle, la prolifération de la violence et la forte diminution de la diversité biologique. Pour ces raisons, des ONG, des Organisations de peuples autochtones et des mouvements sociaux du monde entier vont commémorer ce week-end la Journée internationale contre la monoculture d’arbres en organisant des actions, des manifestations et des marches et en distribuant des lettres collectives pour exposer leurs inquiétudes. [1]
Sandy Gauntlett, de la Coalition environnementale des peuples autochtones du Pacifique, déclare : « Les plantations d’arbres ne sont pas des forêts. Une plantation est un système agricole fortement uniformisé qui vient remplacer les écosystèmes naturels et leur riche diversité biologique. Les arbres plantés sont adaptés pour produire une seule matière première, bois, pâte à papier, caoutchouc, huile de palme ou autres. Néanmoins, des institutions internationales telles que la FAO et la Banque mondiale et les agences gouvernementales de pays comme la Nouvelle-Zélande définissent incorrectement les plantations comme des forêts, malgré l’abondance de la documentation qui démontre que la seule chose qu’elles ont en commun est la présence d’arbres. En les appelant forêts, ces institutions et ces gouvernements contribuent à imposer et à perpétuer un modèle de production non durable, celui des plantations en régime de monoculture ».
« Les plantations font partie d’un modèle industriel axé sur la production de matières premières abondantes et bon marché pour contribuer à la croissance économique des pays industrialisés. Ce que les pays producteurs obtiennent en échange est la dégradation de l’environnement et l’augmentation de la pauvreté, c’est-à-dire les ‘coûts externalisés’ de ces matières premières bon marché », affirme Simone Lovera, de la Coalition mondiale des forêts.
« Dans les terres occupées aujourd’hui par des plantations il y avait autrefois, ou il pourrait y avoir, des cultures agricoles susceptibles de contribuer à la souveraineté alimentaire des gens et gérées par des communautés paysannes. Ou bien, ces communautés et peuples autochtones pourraient affecter la terre à des activités respectueuses de l’environnement, comme l’aménagement communautaire des forêts, qui les aideraient à améliorer leur niveau de vie », ajoute Isaac Rojas, des Amis de la Terre International. [2]
La lutte contre la monoculture d’arbres fait partie maintenant de la vie quotidienne des communautés locales dans de nombreux pays du monde, non pas pour l’avoir voulue mais parce qu’elle leur a été imposée. En Asie et dans le Pacifique, les populations de la Malaisie, l’Indonésie et la Papouasie-Nouvelle-Guinée se battent contre les plantations de palmiers à huile. En Afrique, il y a des combats contre les plantations qui produisent du caoutchouc, de l’huile de palme et de la pâte de bois au Nigeria, au Cameroun, au Liberia, au Swaziland et en Afrique du Sud. En Amérique latine, des pays comme le Brésil, l’Argentine, le Chili, l’Équateur et l’Uruguay subissent les conséquences des « déserts verts » de pins et d’eucalyptus, tandis que la Colombie est maintenant confrontée à l’expansion rapide des plantations de palmiers à huile pour la fabrication d’agrocarburants, tout comme le Venezuela et les pays d’Amérique centrale.
Pour aggraver encore les choses, les plantations industrielles d’arbres sont présentées – à tort – comme une solution au problème du changement climatique. D’une part, le Parlement européen et d’autres institutions encouragent la production des biocarburants dits « de deuxième génération » [3] fabriqués à partir du bois, qui pourraient provoquer très vite la prolifération des plantations d’arbres et notamment celle des arbres transgéniques [4]. D’autre part, certains pays du Sud voient la création éventuelle d’un fonds dans le cadre de la Convention-cadre sur le changement climatique comme un moyen de financer les grandes plantations d’arbres en tant que puits de carbone, pour compenser la disparition des forêts. Ainsi, des mécanismes tels que la Réduction des émissions du déboisement dans les pays en développement (REDD) pourraient devenir un moyen de subventionner massivement les plantations.
« Toutes les ‘journées internationales’ concernent des problèmes d’importance mondiale dont le monde doit s’occuper. L’expansion des grandes plantations d’arbres en régime de monoculture est un de ces problèmes. C’est pourquoi ce 21 septembre rendra plus visibles les nombreuses batailles livrées autour du monde et montrera les effets négatifs de ce modèle, pour que tout le monde ait l’occasion de rejoindre la lutte », explique Ricardo Carrere, du Mouvement mondial pour les forêts tropicales (WRM). « Le 21 septembre est aussi la Journée internationale de la paix, cette paix pour laquelle les gens se battent en ce moment afin que les populations affectées puissent récupérer leur style de vie en harmonie avec la nature et avec les autres personnes », ajoute-t-il. « Ce 21 septembre nous allons célébrer aussi la résistance fertile qui grandit chaque jour de l’année chez tant de communautés, dans leur quête d’un monde juste et sans plantations destructrices. »
NOTES :
[1] Tous ces effets adverses ont été documentés dans de nombreuses publications, études de cas et déclarations faites par les communautés concernées. Pour en savoir plus visitez le site web du Mouvement mondial pour les forêts tropicales : www.wrm.org.uy.
[2] La gestion communautaire des forêts a été documentée en tant qu’initiative de subsistance durable par les Amis de la Terre International. Pour en savoir plus visitez leur site : www.foei.org.
[3] Vous trouverez une analyse plus détaillée des problèmes associés aux plantations d’agrocarburants sur le site web de la Coalition mondiale des forêts : www.globalforestcoalition.org.
[4] Pour de plus amples informations sur les arbres transgéniques visitez les sites : www.wrm.org.uy, www.foei.org et www.globalforestcoalition.org, http://nogetrees.org
Pour des informations supplémentaires, veuillez contacter :
- Ricardo Carrere, World Rainforest Movement, Uruguay : (+598) 2 413 2989, rcarrere@wrm.org.uy
- Simone Lovera, Global Forest Coalition, Paraguay : simonelovera@yahoo.com, 595-21-663654/ 595-981-407375
- Isaac Rojas, Friends of the Earth International, Costa Rica : (+506) 8338-3204 gavitza@racsa.co.cr