Le 25 novembre, Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, l'Association des femmes riveraines de la SOCAPALM Edéa (AFRISE) a lancé une pétition pour STOP à la replantation des monocultures de palmiers à huile autour de leurs habitations et espaces vitaux.
Nous partageons ici le témoignage de Ngon Bissou Félicite Hortenseof, président d'AFRISE, sur la situation des communautés - et des femmes en particulier - dont les territoires ont été envahis par la société SOCAPALM/SOCFIN.
Transcription
Bon, maintenant, parlons de la pétition. Moi, nous les femmes, AFRISE, nous sommes vraiment touchées. Nous sommes menacées. Nous sommes frustrées par le re-planting de la SOCAPALM qui est en train de se passer depuis cette année-ci. Parce qu'ils ont replanté nôtre derrière. Notre derrière qui a été planté depuis 50 ans aujourd'hui. Ils ont cassé ces palmiers, ils ont replanté. Depuis l'année passée, nous sommes dans ce problème de re-planting. Et voilà maintenant au-devant de nous qu'on va casser, soi-disant en mars ou en février-mars. Vraiment, nous sommes en train de dire non à ce re-planting.
C'est pour cela que nous avons écrit cette pétition, pour qu'elle soit être signée parce que nous voulons de l'espace vital. Nous n'avons pas là où mettre même un pied de manioc. Nous n'avons même pas là où habiter. D'abord habiter même. Nous sommes déjà serrés, serrés de l'autre côté [du village]. Nous et ceux qui viennent de plus loin. Nous-mêmes on vive sous les hautes tensions. Nous sommes sous les hautes tensions. Nous n'avons pas de l'espace vital. Nous voulons partager l'autre traverse de l'autre côté où ils ont aussi un espace, non seulement pour construire, pour cultiver aussi parce que tu dois avoir le derrière, que tu peux aussi mettre un état de palmeraie. Tu peux aussi toi-même mettre le macabo. Tu peux aussi mettre le plantain, faire une petite extension et l'étaler aussi derrière la maison, pour survivre. Non seulement même pour nous-mêmes, pour la progéniture à venir ! Ces gens vont faire comment ? Ils vont vivre, ils vont aller où, ils vont habiter où ? Donc nous réclamons cet espace, vraiment, ce n'est même pas par rapport à nous, parce que nous sommes en train de partir, nous sommes en train de partir et on va les laisser comment ? On va laisser ce derrière, comment ? On va le laisser comment ?
Il n'y a pas la vie à Edèa, au Cameroun. Non, nous n'avons pas la vie, nous, là. Parce qu’une vie sans terre n'est rien. Nous voulons la terre pour survivre. Nous voulons l'espace vital pour construire les maisons, pour les rendements de revenus pour, pour, pour, pour, pour ces émergant aussi. C'est pour cela qu'on tend la main vers vous, vraiment. Pour que vous nous aidiez à avoir cet espace. Que nos aïeux ont même vécu parce qu'il y a les tombes dans cet espace, il y a les tombes dans cet espace vital ! Il y a les tombes. Nous allons vivre comment ? Nous n'avons plus de bois de chauffage. Là, toute la pharmacopée est finie.
Nous ne vivons que des produits chimiques, tous les jours, au lieu de nous guérir, nous sommes affectés. Si tu n'as pas le bois, tu vas faire comment ? Donc il faut qu'on ait vraiment cet espace vital pour faire nos champs. Parce que quand tu as ton champ de manioc, tes états de manioc, tu peux t'acheter le gaz. Tu peux t’acheter le gaz. Tu peux envoyer l’enfant à l'école. Donc la première des choses, c'est l'espace vital. Nous voulons de l'espace vital pour une amélioration de la femme riveraine. Nous voulons l'espace vital. Et de sa progéniture à venir. Vraiment !
La deuxième des choses que je peux encore ajouter dans ça, c'est que, un, nous sommes tellement violentées par la société, nous les femmes, nous sommes tellement violentées parce que vu l'état de notre vie quotidienne, que nous sommes trop faibles, nous pousse à entrer dans les plantations pour aller chercher des noix tombées. Quand ils coupent, c’est noix c'est tombées. Quand on parlait pour ramasser, pour extraire de l'huile, parce que c'est avec cet argent que nous pouvons un peu nous soulager dans le quotidien, mettre les enfants à l'école, amener, faire les soins de médicaux. Et d'autres choses, etc. Nous, vraiment dans cette brousse, nous rencontrons tous genres, nous sommes violentées, vraiment ! Nous sommes humiliées par la SOCAPALM, par nos autorités administratives, les prisons par-ci, par-là, les amendes par-ci, par-là.
La femme riveraine est violentée à tous ces domaines. Il n'y a même pas moyen même d'entrer, même dans cette palmeraie si tu n'as même pas un ami dans la plantation. Parce qu’il y a les tranchées, les limites qu'ils ont faites soi-disant des terrains, nous n'avons même pas… même nos rivières qui sont dans la palmeraie, que une comme moi qui vous parlait, moi j'ai trouvé les pistes… que c'est par là qu'on passait pour aller boire de l'eau. Aujourd'hui, là, il y a les tranchées qui sont même privées… de nos rivières. Nous vivons comme les étrangers chez nous, même les étrangers chez eux, je ne sais pas, ils ont souvent la liberté. Mais nous ne sommes pas libres. Nous ne sommes pas libres. Une société qui est chez nous… nous ne connaissons pas le bonheur de la société, le développement de la société. Nous ne connaissons rien. La lumière, l’eau, nous n'avons pas. Les écoles, nous n'avons pas. Rien, rien. Nos enfants…pour les prendre au travail, non. Seulement du manœuvrage, du gardiennage des noix de palmier. Pour nous mettre en conflit avec nos frères et nos enfants et nos maris, tout le temps. Donc c'est de ça qu'il s'agit. Je vous en prie, Merci