Le palmier à huile occupait au Bénin une place importante historiquement. Il a fait l’objet d’un développement plus volontariste à partir du règne du roi Ghézo, que l’on situe entre 1818 et 1858. Les pays occidentaux devenaient en effet de plus en plus demandeurs d’huile de palme, principalement pour alimenter leurs savonneries, et les deux principaux royaumes que comprenait le Bénin à l’époque (Abomey et Porto-Novo) développèrent leur offre pour répondre à cette demande.
De véritables palmeraies, volontairement plantées, s’organisèrent. Par la suite, le commerce des produits du palmier a pris un essor considérable durant la seconde moitié du XIXe siècle et a connu un véritable « âge d’or » dans les années 20 à 30. La palmeraie béninoise de l’époque est estimée à 500 000 ha. Les produits de cette palmeraie naturelle était intégralement transformés par des artisanes.
Le premier programme d‘industrialisation est lancé dans les années 1950. L’Etat colonial mise sur des unités industrielles de transformation de grande taille, publiques. Après l’Indépendance (1960), l’Etat béninois installe d’autres unités, de plus forte capacité, et plante environ 30 000 ha de palmiers sélectionnés entre 1960 et 1974.
Mais des difficultés apparaissent rapidement : internes (baisse de la pluviométrie et donc du rendement des palmiers, mauvaise gestion…) et externes (concurrence des pays asiatiques…). Elles réduisent la rentabilité de ces grands complexes, et n’incitent pas l’Etat à poursuivre le développement du secteur industriel. Ces difficultés touchent également les palmeraies naturelles, dont la superficie, qui était estimée à 500 000 ha dans les années 1930, est passée à 300 000 ha à la fin du siècle.
La constitution des blocs de plantation entre 1960 et 1974 avait entraîné l’expropriation de 17 000 paysans. Déclarés membres des coopératives, ils devaient percevoir un loyer annuel en compensation, mais ils l’estiment trop faible, et se plaignent d’incessants retards dans le paiement. La contestation, qui avait débuté dès les premières expropriations, était restée timide durant la période « autoritaire » du régime politique béninois (de 1972 à 1990). Elle a pris de l’importance depuis le retour à la démocratie. En 1993, suite à la destruction par ces anciens propriétaires de 2 000 ha de palmeraies, le gouvernement a décidé de tripler le loyer annuel qu’il leur paye. La production industrielle représente environ 20 % du secteur, mais la majeure partie est exportée. En l’an 2000, le marché local de l’huile de palme au Bénin est couvert à 83 % par la production de milliers de productrices artisanales (les industries en assurent 7 %; les 10 % restant sont des importations). L’artisanat s’est imposé comme moyen de production prédominant tout au long du siècle. Il a réussi à s’adapter à un contexte en constante évolution, du côté de l’offre (augmentation de la quantité de matière première), comme du côté de la demande (diversification des débouchés). [1]
Plus récemment, un rapport [2] a annoncé la visite d’une délégation d’ingénieurs agricoles et d’hommes d’affaires chinois qui étaient disposés à investir environ 2,15 millions de dollars dans l’industrie béninoise de l’huile de palme pendant les cinq prochaines années, pour la mécaniser et en augmenter la capacité de production.
Malheureusement, ces plans n’ont pas tenu compte des avertissements que fait l’étude mentionnée : « Il y a déjà plusieurs plantations de palmier à huile en régime de monoculture dans le Sud du Bénin » qui devraient « servir d’avertissement contre tout développement futur, en raison des complications et des difficultés rencontrées par les communautés au moment d’essayer de vendre leurs produits ».
[1] « Le palmier à huile en Afrique : le passé, le présent et l’avenir »
http://www.wrm.org.uy/countries/Africa/Palmier_a_huile_en_Afrique.pdf
[2] “Chinese entrepreneurs to invest in Benin palm oil production”, Serge-David Zoueme, publié dans Bloomberg, zsergedavid@bloomberg.net, reçu par l’intermédiaire de www.farmlandgrab.org.