Décrit par les analystes du marché du carbone comme « un désastre », le projet Plantar du Fonds prototype du carbone de la Banque mondiale ne cesse de confirmer l’impression qu’« aucun crédit carbone » n’est un bon « crédit carbone ». Dans une « Note sur le projet Plantar du FPC », la Banque mondiale a récemment reconnu l’inexactitude des affirmations de la compagnie brésilienne de plantation Plantar S.A. concernant la falsification de signatures dans la première d’une série de lettres de la société civile brésilienne où l’on soulignait les problèmes du projet de puits de carbone de la compagnie. Les organisations brésiliennes ont bien accueilli cette déclaration ; pourtant, la Banque mondiale ne donne aucune indication que les procédés de vérification des informations fournies par les promoteurs de projets aient changé en conséquence.
D’ailleurs, les organisations et mouvements brésiliens se sont manifestés contraires à la proposition de la Banque mondiale de se fonder sur une enquête du projet Plantar effectuée par le FSC (les plantations de Plantar étant aussi partiellement certifiée par le Forest Stewardship Council), plutôt que de mener sa propre enquête, dans le cas des plaintes portées sur des intimidations des communautés dans le cadre du projet FPC, comme annoncé le 6 juin 2003 :
« Nous regrettons votre opposition à discuter de ‘problèmes aussi vastes’, qui contredit les initiatives de votre Banque pour contribuer au débat sur le ‘développement durable’ au Brésil. Nous savons que le slogan du FPC est ‘apprendre en cours de route’. Dans ce sens, si le projet Plantar est censé être un exercice d’apprentissage sur les projets concernant les monocultures d’arbres à grande échelle, il est d’une importance fondamentale de comprendre le contexte d’un projet de ce genre aux niveaux local, régional, national et international, en plus de comprendre également ses implications sociales, culturelles, économiques et environnementales, dans le pays où il est mis en oeuvre. En vue de ce qui précède, nous faisons les propositions suivantes :
1) Que le dialogue entre la Banque mondiale et nous soit direct, sans participation du SCS, du FSC-Brésil ou de Plantar.
2) Qu’une réunion soit organisée entre la Banque mondiale et les signataires de cette lettre, cette possibilité ayant été mentionnée par la Banque elle-même ; nous acceptons que tous les signataires ne soient pas présents à cette réunion, mais n’acceptons absolument pas que les échanges aient lieu entre la Banque et seulement certains signataires des lettres. L’ordre du jour d’une telle réunion devrait inclure en outre les contenus de toutes les lettres que nous avons adressées à la Banque.
3) La Banque mondiale devrait faire sa propre évaluation indépendante du projet ; nous vous prévenons que les travailleurs et les communautés éprouvent des craintes et des inhibitions en présence des représentants de la compagnie ; nous sommes disposés à vous accompagner dans ces visites.
La balle est maintenant dans le camp de la Banque mondiale. Pour démontrer que ‘l’apprentissage en cours de route’ est pour le FPC plus qu’une rhétorique vide de sens et résoudre les problèmes soulevés par les organisations brésiliennes, il faudra que la Banque fasse des efforts beaucoup plus authentiques que ceux qu’elle a faits jusqu’à présent.
Consultez les dossiers du marché du carbone pour connaître la suite de la saga de Plantar.
Le texte complet de la « Note sur le projet Plantar du FPC » de la Banque mondiale est disponible dans : www.prototypecarbonfund.org . La 4e lettre des groupes de la société civile brésilienne au FPC peut être déchargée à : www.sinkswatch.org et www.cdmwatch.org
Jutta Kill, SinksWatch, adresse électronique : jutta@fern.org , http://www.sinkswatch.org