La faim dans le monde provoque de plus en plus d’inquiétude chez ceux qui n’en souffrent pas encore et de plus en plus de souffrance chez ceux qui la subissent, dont le nombre augmente chaque année. Pourtant, les politiques mises en place dans les centres du pouvoir mondial ne font pas grand-chose pour résoudre le problème et, en général, finissent par l’aggraver.
La promotion des agrocarburants est un exemple clair de ce que nous venons de dire. Dans un but soi-disant écologique (le remplacement des combustibles fossiles qui provoquent le changement climatique) et avec une étiquette verte (« biocarburants »), des millions d’hectares sont affectés à la production de nourriture... pour les voitures.
Bulletin Numéro 130 - Mai 2008
NOTRE OPINION
LES COMMUNAUTÉS ET LES FORÊTS
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27 mai 2008Les agrocarburants sont de plus en plus l’objet d’avertissements, de protestations et de plaintes de sources aussi diverses que des personnalités officielles des Nations unies (le directeur général de la FAO, Jacques Diouf, et le rapporteur de l’ONU sur le droit à l’alimentation, Jean Ziegler), des premiers ministres comme Fidel Castro et des organisations sociales du Nord et du Sud [1 et 2]. Et pourtant, les plantations pour les produire continuent d’avancer. En Amérique latine, c’est le Brésil qui est en tête. Les accords énergétiques passés l’année dernière avec les États-Unis et le Chili, et cette année avec l’Allemagne, consolident la position du Brésil comme producteur d’éthanol.
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27 mai 2008Le premier week-end de mai, le cyclone Nagris a ravagé la Birmanie. Il s’est abattu sur le delta de l’Irrawaddy, avec des vents qui ont atteint 190 km/h, mais les dégâts les plus graves ont été causés par le raz de marée dont il s’est accompagné : une vague de 3,5 m de hauteur a balayé ou inondé la moitié des maisons dans les villages de la zone la plus basse. Les habitants n’ont pas pu fuir à temps ; entre 22 000 et 100 000 personnes seraient mortes. L’orage a été vraiment fort, mais l’ampleur de cette dévastation est imputable aux « programmes de développement » du pays appliqués aux industries du tourisme et de l’élevage de crevettes, qui ont impliqué la destruction des mangroves autrefois luxuriantes.
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27 mai 2008Son nom était Parojnai. Il appartenait aux Ayoreo-Totobiegosode, un peuple indigène de la forêt du Chaco qui s’étend au sud du bassin de l’Amazone, de la Bolivie au Paraguay et à l’Argentine. Parojnai Picanerai, sa femme et leurs enfants avaient réussi à vivre dans la forêt du Chaco (au Paraguay) sans contact avec le monde extérieur, en dépit de l’invasion croissante de leur territoire. Bien que la législation paraguayenne reconnaisse le droit des Ayoreo d’être propriétaires des terres qu’ils ont traditionnellement habitées, leur forêt est maintenant vendue à des propriétaires privées et défrichée par des spéculateurs et des éleveurs, d’abord pour en exploiter le bois et puis pour y élever du bétail.
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27 mai 2008En Afrique, les projets de biocarburants prolifèrent dans de nombreux pays, dont la Zambie, où le jatropha a été choisi comme culture principale pour la production de biodiesel tandis que la canne à sucre, le sorgho doux et le manioc sont destinés à fabriquer de l’éthanol. Une étude menée par Matongo Mundia [1] en 2007 explique que « « en Zambie comme dans le reste du continent, l’enthousiasme pour les biocarburants provient surtout des discours sur la sécurité énergétique et sur le soutien au développement économique et social. Pourtant, personne n’a l’air de savoir si les investissements et les objectifs visés concernent la production de biocarburants pour le marché zambien ou pour l’exportation ».
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27 mai 2008Des millions de personnes du monde entier habitent en milieu rural et dépendent dans une certaine mesure des écosystèmes forestiers pour leur subsistance. Or, la dégradation des forêts et le déboisement se poursuivent à un rythme alarmant et mettent leur vie en danger. Autant pour les peuples autochtones que pour les communautés rurales ou urbaines qui comptent sur les services environnementaux fournis par les forêts, celles-ci jouent un rôle capital dans leur vie quotidienne. La distribution injuste, la surconsommation et la mauvaise administration sont au cœur de la gestion non durable des ressources qui provoque des problèmes écologiques et l’appauvrissement incessant des habitants.
LES COMMUNAUTÉS ET LA MONOCULTURE D'ARBRES
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27 mai 2008L’expansion des grandes plantations – qu’il s’agisse de produits agricoles ou d’arbres – pour la production d’agrocarburants liquides comme le bioéthanol et le biodiesel est en train d’augmenter dans beaucoup de pays du Sud et d’avoir des effets nuisibles sur les gens et l’environnement. À présent, même la FAO admet les risques que cela comporte. Un rapport récemment publié par cette organisation examine la production d’agrocarburants et ses effets spécifiques sur chaque sexe, et explique que cette production risque d’accroître la marginalisation des femmes en milieu rural en mettant en danger leurs moyens de subsistance.
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27 mai 2008La population de la Tasmanie a entendu parler au début du mois d’un accord qui avait été conclu quatre mois plus tôt entre le gouvernement et l’entreprise forestière Gunns. Cet accord, dénommé ‘Accord de risque souverain’ et valable pendant 20 ans, stipule que les contribuables devront payer à Gunns 15 millions de dollars si, pour une raison quelconque, l’approvisionnement en bois est compromis. [1]
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27 mai 2008Les biocarburants – le biodiesel extrait des plantes pour remplacer les coûteux combustibles fossiles– soulèvent des controverses depuis que les plantations pour les produire envahissent des terres utilisées surtout par les communautés locales, en particulier pour la production de vivres. En Birmanie, la junte militaire au gouvernement s’est embarquée dans l’expansion massive des plantations pour la production de biocarburants, en confisquant des terres par la force et en recourant aux arrestations, aux amendes et aux coups appliqués aux agriculteurs.
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27 mai 2008En novembre 2007, plusieurs délégués du Mouvement mondial pour les forêts tropicales sont allés voir les activités menées par Forêts de Komatiland aux Brooklands, dans la province sud-africaine de Mpumalanga.
EN DIRECT DE LA CDB
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27 mai 2008La Convention sur la diversité biologique est une initiative gouvernementale internationale qui avait l’air très bien quand elle est née en 1992, lors du Sommet de la Terre de l’ONU organisé à Rio de Janeiro, au Brésil. À l’époque, on a eu l’impression que les gouvernements du monde avaient pris conscience de l’avenir qui attendait la Terre si la déforestation, la biopiraterie, l’expansion de l’agro-industrie et le reste continuaient de faire disparaître la diversité biologique. Ainsi, un nouveau processus – la CDB – a été mis en branle. Elle devait se réunir tous les deux ans en des sommets de haut niveau, accompagnés d’activités des organisations de la société civile.