Il y a dix ans, à Rio de Janeiro, la Conférence des Nations unies sur l'Environnement et le Développement (Sommet de la Terre) a ouvert une instance internationale qui se prolongera à l'occasion du prochain Sommet mondial du Développement durable (SMDD), qui aura lieu à Johannesburg, Afrique du Sud, du 26 août au 7 septembre.
Bulletin Numéro 61 - Août 2002
Le Sommet de Johannesburg
LE SUJET DE CE NUMERO: LE SOMMET DE JOHANNESBURG
Le Sommet mondial sur le Développement durable se tiendra prochainement à Johannesburg, en Afrique du Sud, et c'est pour cette raison que nous avons décidé de consacrer entièrement ce bulletin à cet événement. Nous espérons ainsi fournir des informations et des analyses pertinentes aussi bien à ceux qui participeront directement à ce Sommet qu'à ceux qui ne le feront pas, afin de promouvoir une prise de concience plus forte qui puisse véhiculer une pression croissante sur les gouvernements pour les obliger à respecter les engagements pris, il y a dix ans, lors du Sommet de la Terre, au Brésil.Bulletin WRM
61
Août 2002
NOTRE OPINION
L'ESPOIR DE L'AVENIR
-
12 août 2002La forêt tropicale est l'un des écosystèmes le plus divers au monde, ainsi que le plus menacé. Quoique les gouvernements soient arrivés à un consensus concernant le diagnostic du problème, ils ont échoué quant à la mise en application de mesures internationales et nationales destinées à assurer la conservation des forêts. Dans ce contexte, il convient de souligner certains aspects fondamentaux qu'il faudrait tout d'abord accepter définitivement pour être à même d'aborder correctement le sujet.
-
12 août 2002Dix ans après la réalisation du Sommet de la Terre, les dégâts causés par la déforestation se propagent toujours dans la plupart des pays du monde et en particulier dans les régions tropicales. De nombreux cas de déforestation et de processus de destruction ont été décrits dans les précédentes éditions de notre bulletin. Ils sont tous, d'une façon ou d'une autre, encouragés par les pays du Nord.
L'ACTUALITE DESTRUCTRICE
-
12 août 2002Au cours des dix années qui se sont écoulées depuis le Sommet de la terre, les gouvernements se sont embarqués dans une série de processus internationaux dont le but déclaré était d'assurer la conservation des forêts. Cependant, ils n'auront pas grand chose à montrer lors du Sommet de Johannesburg pour ce qui est des résultats concrets, tout simplement parce que les forêts ont continué à disparaître.
LES PRINCIPAUX COUPABLES
-
12 août 2002La logique des profits des sociétés est en train de déterminer notre avenir et celui des générations futures, en façonnant le système international émergent, actuellement dominé par des institutions qui favorisent les intérêts des sociétés. Les résultats les plus évidents du processus actuel de globalisation (la privatisation et la déréglementation) ont permis aux sociétés d'usurper les bases naturelles dont la vie dépend.
-
12 août 2002Contrairement à ce qui s'est passé dans le cas de la Banque mondiale, les dénonciations des impacts sur les forêts causés par la politique forestière du FMI n'ont reçu qu'une faible attention. Pourtant, les crédits et les politiques du Fonds monétaire international (FMI) ont été à l'origine de sévères processus de déforestation dans des pays d'Afrique, d'Amérique latine et d'Asie.
-
12 août 2002La Banque mondiale a derrière soi une longue histoire de destruction de forêts. Depuis les années 60, elle finance des projets destructifs à grande échelle dans des pays tropicaux (qui vont des grands barrages hydroélectriques aux complexes systèmes autoroutiers) qui entraînent des processus de déforestation généralisés. A partir des années 80, le rôle négatif joué par la Banque s'est accru à travers ses programmes d'ajustement structurel (en association avec le Fonds monétaire international) qui ont livré les forêts à des activités destructives additionnelles -depuis l'exploitation minière jusqu'aux monocultures à grande échelle à vocation exportatrice- au bénéfice des corporations transnationales et de leurs partenaires locaux.
-
12 août 2002Pour mieux faire briller ses médailles vertes au Sommet mondial du développement durable, la Banque mondiale pense lancer à Johannesburg l'initiative d'un nouveau fonds destiné à la promotion du commerce Nord-Sud des crédits carbone, suivant les normes du dénommé "Mécanisme de développement propre" (1). Le projet, appelé "Fonds carbone pour le développement communautaire", quoique basé sur une expérience menée par la Banque mondiale pendant trois ans (le "Fonds prototype pour le carbone"), sera néanmoins une initiative indépendante avec des statuts et une structure de direction propres, et sera centré spécifiquement sur la promotion de projets à petite échelle incluant des éléments de développement communautaire.
-
12 août 2002En novembre 2001, les ministres du commerce de 140 pays se sont réunis à Doha, Qatar, pour accorder à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) un nouveau mandat, historique, qui pourrait être à l'origine de l'intensification de l'exploitation forestière dans les forêts natives, de l'épuisement des pêcheries, de l'incinération de combustibles fossiles, de l'usage de substances chimiques toxiques, ainsi que de la mise en circulation des organismes génétiquement modifiés.
-
12 août 2002La FAO est en train de tricher au jeu, et de faire comme si personne ne s'en apercevait. Dans le monde entier nous sommes témoins de la destruction et de la dégradation alarmantes des forêts, et dans ce processus les droits des peuples indigènes sont violés, des bassins sont affectés, des régions entières sont modifiées, le climat est déstabilisé, des espèces végétales et animales disparaissent.
LES ENGAGEMENTS PRIS LORS DU SOMMET DE LA TERRE
-
12 août 2002Lors du Sommet de la Terre de 1992 (ou Conférence des Nations unies sur l'environnement et le développement), deux instances ont eu lieu: d'une part l'instance officielle, et d'autre part, celle des organisations non gouvernementales et des peuples indigènes. Au sujet des forêts, les gouvernements n'ont pas réussi à se mettre d'accord et ont finalement adopté une "Déclaration autorisée, sans force juridique obligatoire, de principes pour un consensus mondial sur l'aménagement, la conservation et le développement durable de tous types de forêts". Par contre, ils sont arrivés à un accord en ce qui concerne la "déforestation", chapitre 11 du dénommé Programme 21. Dix ans plus tard, les forêts continuent à disparaître au même rythme qu'avant.