Déclaration commune des communautés qui s’opposent aux grands barrages hydroélectriques

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Déclaration commune
des communautés et des peuples qui s’opposent aux grands barrages hydroélectriques
en Asie du Sud-Est, en Amérique latine et dans le monde entier


Cette déclaration est publiée par les représentants des communautés du Mékong en Thaïlande, du Mentarang en Indonésie et de l'Amérique latine, qui se sont réunis en Thaïlande en février 2025 pour échanger sur leurs expériences et renforcer leurs luttes contre les projets de barrages destructeurs. Ces luttes ne sont pas isolées : elles représentent et côtoient des dizaines d'autres luttes contre des projets et des plans de grands barrages le long des rivières de la région du Mékong, de la Chine au Vietnam, dans toute l'Indonésie de la Papouasie à Sumatra, dans toute l'Amérique latine et dans de nombreuses autres parties du monde.

En cette Journée internationale d'action contre les barrages, nous, peuples autochtones et communautés locales dont la survie dépend de nos rivières, sommes unis pour rejeter l’affirmation fallacieuse selon laquelle les grands barrages hydroélectriques sont une énergie propre.

Depuis des décennies, nos terres, nos cours d'eau et nos modes de vie sont sacrifiés sous le prétexte du « développement ». Les vaines promesses d'emplois, de prospérité et d'énergie propre se sont traduites par des maisons inondées, des moyens de subsistance détruits, un effondrement de la pêche et une dévastation irréversible de l'environnement.

Alors que la crise climatique est instrumentalisée pour accélérer la pression mondiale en faveur des énergies renouvelables, nous réaffirmons – avec une clarté et une conviction absolues – que les grands barrages hydroélectriques ne sont pas une solution à la crise climatique : les grands barrages hydroélectriques ne fournissent pas une énergie propre. Ce sont des facteurs de violence, de déplacement forcé et de destruction.

Les gouvernements, les entreprises et les institutions financières continuent d'imposer des projets de barrages destructeurs dans toute la péninsule indochinoise – du Mékong à la Mentarang – ainsi que sur d'autres cours d'eau essentiels en Amérique latine et dans le monde entier. Ces projets sont abusivement présentés comme produisant de l'énergie « verte », alors même qu'ils dévastent les rivières, les forêts et les communautés autochtones. Derrière ces barrages se cachent de puissants projets centralisés de commerce de l'énergie, tels que le réseau électrique de l'ASEAN (ASEAN Power Grid), l'initiative des Nouvelles routes de la soie (BRI) et les projets stratégiques nationaux de l'Indonésie, qui tous favorisent les profits des entreprises au détriment direct des communautés et des écosystèmes.

Les menaces vont bien au-delà des barrages hydroélectriques. Dans les différentes régions, d'autres types de barrages – notamment les barrages de retenue de résidus miniers, conséquence de l'extraction incessante de minerais dans le cadre d'une économie dite bas carbone – font courir de graves risques aux communautés avoisinantes, comme l'ont tragiquement démontré les ruptures des barrages de Mariana et de Brumadinho, au Brésil. Dans le même temps, les barrages d'irrigation construits pour servir les grands projets agro-industriels causent de graves dommages environnementaux et sociaux, tout en aggravant encore la crise de l'eau.

Nous, communautés unies en Asie du Sud-Est, en Amérique latine et dans le monde entier, exigeons :

1. L'arrêt immédiat du financement et de l'achat d'électricité provenant de barrages destructeurs.

2. Le rejet de tous les projets de barrages à grande échelle qui dévastent les rivières, forcent le déplacement des communautés et accélèrent la crise climatique.

3. Une véritable transition énergétique, menée par les communautés – une transition qui prend sa source dans les droits des communautés et est fondée sur la restauration écologique, et non sur des mégaprojets des entreprises.

Nous sommes unis, déterminés dans notre lutte collective pour défendre nos rivières, nos forêts et notre avenir contre les fausses solutions vertes et la cupidité des entreprises.

14 mars 2025

Pétition de solidarité