Amérique latine : l’assemblée de Redmanglar Internacional

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Les organisations de pêcheurs, de cueilleurs artisanaux, d’écologistes et d’universitaires de dix pays d’Amérique latine, réunies dans le réseau Redmanglar Internacional, se sont donné rendez-vous dans la localité de Cuyutlán, État de Colima, au Mexique, du 8 au 13 octobre.

Au cours de cette semaine de travail, l’assemblée a dénoncé qu’une politique d’appropriation et d’utilisation des espaces côtiers et marins, où les intérêts économiques de quelques-uns passent avant la conservation des écosystèmes qui sous-tendent la vie et les droits essentiels des communautés locales, est en train de se réaffirmer et de se fortifier dans le monde entier.

Le premier jour, chaque pays membre de Redmanglar Internacional a décrit la situation actuelle des écosystèmes marins et côtiers et les activités entreprises pour les défendre. Il faut souligner les efforts de pays comme le Guatemala, le Pérou et le Venezuela, qui ont réussi à former ces dernières années des réseaux nationaux d’organisations associées à la mission de Redmanglar Internacional, qui consiste dans la défense de l’écosystème de mangrove et des écosystèmes marins et côtiers, pour assurer leur vitalité et celle des populations ancestrales qui en sont tributaires, face aux menaces et aux atteintes des activités susceptibles de dégrader l’environnement, d’altérer l’équilibre naturel écologique ou de violer les droits des communautés locales.

Les jours suivants, l’exposé de Fernando López, professeur à l’Université centrale de l’Équateur, sur la situation politique et économique actuelle et sur le patrimoine naturel et culturel de l’Amérique latine a été le point de départ de discussions sur des thèmes généraux qui concernent la région. « La situation devant laquelle nous nous trouvons est d’une énorme complexité, en raison du croisement de puissants intérêts mondiaux, de l’ampleur des menaces aux populations et à l’environnement, et du peu de capacité de résistance des communautés et des organisations politiques et sociales », a dit Fernando López. En analysant l’Intégration de l’infrastructure régionale sud-américaine (IIRSA), il a montré qu’elle implique une intégration des marchés et représente une forte menace à l’égard des peuples.

Par la suite, il y a eu dans la Pinacothèque universitaire de la ville de Colima un exposé sur « Les écosystèmes marins et côtiers, l’eau et la souveraineté alimentaire », dans lequel sont intervenus Jorge Varela Márzquez, délégué du Forum mondial des peuples de pêcheurs, Dolores González, de l’Université centrale du Venezuela et Alberto Villarreal, de Food and Water Watch.

Pendant les diverses sessions qui se sont déroulées au cours de la semaine, les participants ont pris connaissance de la participation du réseau à des forums internationaux, des campagnes, des mobilisations et des déclarations, tous des outils efficaces et légitimes des peuples côtiers ancestraux. Une déclaration a été rédigée contre la privatisation des côtes, pour exiger aux gouvernements que soit garanti l’accès aux territoires des pêcheurs et des cueilleurs artisanaux et pour manifester le désaccord de tous avec la mercantilisation des biens et des services environnementaux.

L’analyse de la certification de l’élevage de crevettes faite par Jeovah Meireles, de l’Université fédérale de Ceará, au Brésil, a porté l’assemblée à réaffirmer sa position contre la certification de l’aquaculture industrielle de la crevette, parce qu’il s’agit d’un maquillage vert qui prétend occulter les délits de l’industrie crevettière contre l’environnement, la société et l’économie.

D’autre part, l’assemblée s’est prononcée sur plusieurs thèmes particuliers des pays membres du réseau, par exemple, la demande au président du Mexique, Felipe Calderón, de suspendre le projet du Terminal de gaz naturel liquéfié de Manzanillo, en raison du risque élevé qu’il comporte pour les écosystèmes du lac de Cuyutlán.

Les participants à cette 3e Assemblée générale de Redmanglar Internacional ont fait, le dernier jour de leur séjour au Mexique, une visite d’observation du lac de Cuyutlán, et ils se sont réunis avec les pêcheurs du village de Ventanas, pour constater que ce projet met en danger le système du lac et l’écosystème de la mangrove.

Líder Góngora Farías, secrétaire exécutif sortant, et l’équipe de la C-CONDEM de l’Équateur ont nommé Juan José López, représentant de l’Association colombienne de producteurs pour le développement communautaire de la Ciénaga Grande du Bas Sinú (ASPROCIG), au poste de secrétaire exécutif de Redmanglar Internacional pour la période 2008-2010.

L’Assemblée s’est terminée par la signature de la Déclaration de Cuyutlán.http://redmanglar.org/imagesFTP/8221.declaracion_cuyutlan.pdf

Verónica Yépez, C-CONDEM, veroy@ccondem.org.ec