Aujourd’hui [12 décembre], des centaines d’indiens de sept communautés tupinikim et guarani de l’État d’Espirito Santo, au Brésil, ont occupé Portocel, le port où la pâte de papier de l’entreprise Aracruz Celulose est embarquée vers Europe, les États-Unis et l’Asie. Avec plusieurs groupes solidaires du Brésil et de l’extérieur, ils réclament au gouvernement brésilien de faire une fois pour toutes son devoir constitutionnel et de démarquer les terres traditionnelles des peuples indigènes tupinikim et guarani : 11 009 hectares qui ont été envahis par Aracruz Celulose S.A., une grande entreprise papetière.
En février 2006, le Ministre de la Justice Márcio Thomaz Bastos avait promis, au cours d’une séance publique du parlement de l’État d’Espirito Santo à laquelle assistaient des représentants de peuples indigènes, des parlementaires et des autorités, que la Loi de Démarcation serait promulguée avant août 2006 et que les limites de la zone seraient ratifiées avant la fin de l’année. Le 12 septembre 2006, un rapport favorable à la démarcation a été soumis par la Fondation nationale indienne au Ministre de la Justice. Depuis, le rapport est entre ses mains, attendant une décision qui, légalement, devrait être prise aujourd’hui, le 12 décembre 2006. Affirmant que le gouvernement n’a pas respecté les délais convenus, la Commission des chefs et leaders tupinikim a convoqué à une journée de solidarité.
Le retard a permis à Aracruz Celulose de prendre des mesures publiques contre les communautés indigènes, dont une forte campagne de diffamation, incitant aux préjugés et à la haine raciale.
Aujourd’hui, des organisations solidaires d’Allemagne, Norvège, les Pays-Bas et les États-Unis coordonnent des manifestations, surtout devant les ambassades et les consulats du Brésil, en solidarité avec les manifestations organisées par les Tupinikim et les Guarani.
Nous vous prions de passer un moment à adresser une courte lettre au Ministre de la Justice, lui demandant de reconnaître les droits des Tupinikim et des Guarani en démarquant le territoire ancestral qui est leur patrie.
12 décembre 2006
Monsieur le Ministre de la Justice, Márcio Thomaz Bastos, Esplanada dos Ministérios, Bloco T, Ministério da Justiça, 4º andar, CEP 70064.900 – Brasília – DF Brasil. Fax : +55 61 3224 4784 ou 32241936. Adresse électronique : gabinetemj@mj.gov.br, cc : Président Luíz Inácio Lula da Silva, adresse électronique pr@planalto.gov.br.
Monsieur le Ministre,
Par cette lettre, nous souhaitons manifester que nous soutenons les Tupinikim et les Guarani d’Espírito Santo dans leur lutte pour la démarcation de leurs terres.
Le 12 septembre 2006, la FUNAI adressa au Ministre de la Justice des rapports concernant deux zones (« Tupiniquim » et « Comboios ») qui, ensemble, constituent la patrie des Tupinikim et des Guarani, aux fins de la promulgation de deux nouvelles lois de démarcation. Ces lois seraient destinées à rectifier les erreurs commises par un Ministre de Justice antérieur et à ajouter 11 009 hectares au territoire des Tupinikim et des Guarani, de manière à reconnaître pleinement leurs droits à leurs terres ancestrales.
Tout retard supplémentaire, tel que la demande de nouvelles études, exacerberait la situation déjà tendue dans la région. Toutes les études effectuées ont affirmé les droits des Tupinikim et des Guarani. La situation actuelle nous inquiète, car Aracruz Celulose mène en ce moment une campagne de diffamation contre les communautés indigènes qui attise les préjugés et les stéréotypes d’ordre racial.
Il paraît que, lors d’une séance publique du Parlement d’Espírito Santo tenue le 9 février 2006, le président de FUNAI et vous-même vous êtes engagés à démarquer les terres des Tupinikim et des Guarani dès que possible, sans dépasser les dates limites fixées par la loi.
Nous ne mettons pas en doute les droits des Tupinikim et des Guarani, et nous sommes persuadés que vous ferez de votre mieux pour faire respecter la Constitution fédérale et défendre les droits des peuples indigènes, établis par des instruments tels que la Convention 169 de l’OIT, que le Brésil a ratifiée.
Nous réitérons que nous soutenons absolument la cause des Tupinikim et des Guarani d’Espírito Santo.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de nos sentiments distingués.