Le 18 octobre 2004, l'entreprise malaise Samling Plywood s'est vu octroyer par le Conseil malais de certification du bois (MTCC) un certificat de gestion forestière pour son exploitation censément durable de l'une des dernières régions de forêt tropicale primaire du Sarawak.
Environ 80 % de la concession certifiée se trouvent dans le territoire traditionnel des Penan, où ils ont vécu comme nomades avant de devenir sédentaires, sous l'influence britannique, au milieu du XX e siècle. À présent, la région possède au moins 410 foyers et une population estimée de 2 000 personnes.
Après leur sédentarisation, les Penan se sont adonnés à la culture itinérante du riz de montagne, mais ils dépendent quand même de la forêt tropicale primaire pour la chasse et la cueillette, qui leur permettent de subvenir à une partie importante de leurs besoins alimentaires (protéines, fruits, etc.). La forêt est aussi la source de leur culture et de leur mythologie, et elle abrite beaucoup de sites très importants pour eux, où se trouvent les tombes ancestrales, l'arbre ipoh qui donne le poison pour leurs dards, les palmiers sago , le rotin sauvage et le bois de santal. En plus des Penan, un nombre inconnu d'autres personnes Dayak habite cette région.
« Nous avons vécu en paix jusqu'au moment où les entreprises forestières sont venues bouleverser notre vie et envahir notre forêt ». Dans une lettre de protestation signée par les Penan, le chef Bilong Oyau a écrit en leur nom : « Beaucoup d'entre nous ont souffert à cause des opérations forestières de Samling : nos fleuves sont pollués, nos sites sacrés endommagés et nos animaux mis en fuite par des gens qui nous privent de nos moyens de vie et de notre culture. [...] Nous ne pouvons pas accepter que Samling reçoive maintenant un certificat qui lui permet de continuer à violer nos droits coutumiers. » Les Penan de ces communautés se plaignent aussi de la détérioration considérable de leurs sources d'eau potable provoquée par l'extraction de bois.
Bien que les Penan aient lutté contre la destruction de leurs terres et leurs forêts tropicales en mettant des barrages pour empêcher la circulation des machines et des camions des exploitants, le MTCC ne les a pas consultés avant de certifier leur forêt. De surcroît, des informations obtenues en 2001 grâce aux images de la terre du satellite IKONOS montrent que l'extraction pratiquée par Samling dans cette concession en particulier est loin d'être durable. La grave destruction de la forêt est visible même à faible résolution.
Samling n'a réussi à accéder à la région maintenant certifiée qu'en se servant de l'armée et de la police, et n'a pu en extraire du bois qu'en contrariant la volonté manifeste des communautés affectées, en flagrante violation de leurs droits. Les communautés Penan ont demandé au MTCC la révocation immédiate du certificat.
Voici un exemple supplémentaire de fausse étiquette verte délivrée à une activité aussi destructrice de l'environnement et de la société que l'exploitation forestière industrielle. Pour les grandes entreprises, ce label ne représente qu'un moyen publicitaire de plus leur permettant de conclure de nouveaux marchés, souvent avec des gens bien intentionnés des pays du Nord qui, à la distance, croient contribuer ainsi à la conservation des forêts.
Article fondé sur des informations tirées de : “Penan protest against the certified logging of the last primeval forests of Sarawak (Malaysia) “et de “Report on the Malaysian Timber Certification Council (MTCC) certification of the Sela'an-Linau Forest Management Unit in the Ulu Baram area of Sarawak / Malaysia”, envoyé par Lukas Straumann, Bruno Manser Fonds, adresse électronique : bmf@bmf.ch