Le groupe indien d’action pour l’environnement, Kalpavriksh, vient de réimprimer un rapport intitulé « Undermining India - Impacts of mining on ecologically sensitive areas », qui avait été publié en mars 2003.
Les mines existantes, grandes ou petites, représentent une menace considérable pour certaines régions de l’Inde, écologiquement fragiles, qu’elles sont en train de dévaster. Or, le rapport prévient que la libéralisation de l’économie, survenue ces dernières années, constitue un grave danger supplémentaire car elle a favorisé de nouvelles initiatives du secteur minier : depuis les années 1990, ce secteur a entrepris des prospections sur des milliers de kilomètres carrés.
Le rapport brosse un tableau des zones écologiquement fragiles du pays menacées par les activités minières existantes ou projetées, analyse le cadre juridique et politique relatif aux mines et à l’environnement, rapporte quelles ont été les réponses des citoyens et des tribunaux indiens aux dangers des mines, passe en revue les pratiques actuelles pour l’amélioration écologique des mines abandonnées et avance un ensemble de recommandations concrètes à ce sujet.
D’après l’étude mentionnée, 65 licences de prospection concernant plus de 90 000 km2 ont été délivrées depuis 1996. Depuis 2000, 119 permis ont été accordés pour l’exploration d’une superficie de 155 000 km2.
Au moins 90 sanctuaires de faune et parcs nationaux et des centaines d’autres zones d’une biodiversité unique – y compris des bassins versants qui fournissent de l’eau à des millions de personnes – sont maintenant en danger. Des exemples de ces menaces sont le projet d’extraction de bauxite à Eastern Ghats, Andhra Pradesh, qui va affecter les bassins d’alimentation de quatre fleuves ; l’extraction à Bailadila, en Chhatisgarh, qui a porté atteinte au fleuve Sankhini ; l’extraction de minerai de fer à Western Ghats, qui a affecté les cours d’eau de Karnataka et de Goa ; l’extraction de minerai de fer dans les forêts Saranda de Jharkhand, qui a des impacts sur le fleuve Koina ; l’extraction de calcaire au Hemwalghati, en Uttaranchal.
Beaucoup de ces régions sont essentielles à la sécurité future de l’eau ; en outre, elles se superposent à certains sites écologiquement riches et culturellement sensibles de Rajasthan, Chhatisgarh, Maharashtra, Orissa et Jharkhand. Les dangers pour les écosystèmes et pour les moyens de subsistance posent de graves problèmes à beaucoup de communautés, fragiles du point de vue économique et culturel, qui habitent ces régions, y compris beaucoup de groupes tribaux Adivasi. Des conflits ont déjà éclaté : les communautés tribales de Kashipur (Orissa) se sont opposées à l’extraction de bauxite à Eastern Ghats ; celles d’Andhra Pradesh ont résisté l’extraction de calcite autour des célèbres grottes de Borra ; les villageois de Hemwalghati, en Uttaranchal, se sont dressés contre l’extraction de calcaire.
Nombre d’activités minières vont ouvertement à l’encontre des politiques et des lois environnementales, des garanties constitutionnelles pour les Adivasi et d’autres communautés, et des promesses de la politique minière nationale, suivant lesquelles « les zones à l’écologie fragile et riches en biodiversité » ne seraient pas touchées. En outre, les normes environnementales du pays ont été affaiblies et les audiences publiques supprimées pour l’allocation de permis d’extraction des principaux minéraux concernant jusqu’à 25 hectares.
Le rapport exhorte le gouvernement fédéral et ceux des états à déclarer interdites les zones fragiles, à modifier les politiques et les lois, à obtenir une évaluation indépendante des impacts du secteur minier, à restaurer les sites endommagés par les mines, à fournir des postes de travail aux travailleurs avant de fermer les mines des zones fragiles et à constituer un groupe d’experts qui étudie des méthodes d’utilisation durable des matériaux et de l’énergie, et la réduction de la consommation excessive et superflue de minéraux.
En appelant les communautés, les groupes de citoyens et les ONG à s’unir et à resserrer leurs liens pour s’opposer à l’expansion des mines dans les régions fragiles, le rapport souligne le besoin de soumettre à un examen critique les politiques de développement actuelles, pour évaluer leurs impacts sur la sécurité écologique et la sécurité de subsistance, en particulier dans le cas des secteurs les moins privilégiés de la société du pays, qui dépendent des ressources naturelles. Finalement, il nous exhorte à réfléchir sur les nombreuses manières dont nous gaspillons les minéraux, y compris les minéraux de luxe tels que les diamants, le marbre, l’or et le granit.
Article fondé sur des informations envoyées par Neeraj Vagholikar, Kalpavriksh, adresse électronique : kvriksh@vsnl.com
Pour obtenir des exemplaires du rapport, contactez Swati Kalpavriksh à l’adresse suivante : Apartment Nº 5, Shree Dutta Krupa, 908 Deccan Gymkhana, Pune – 411004. Pour davantage d’informations, contactez Swati à l’adresse : kvriksh@vsnl.com