En août 1996, les autorités du gouvernement de la Tanzanie, en collaboration avec une compagnie canadienne, la Kahama Mining Corporation Ltd., ont expulsé de leurs terres par la force plus de 400 000 mineurs artisanaux, paysans, petits commerçants ainsi que leurs familles, dans la zone dénommée Bulyanhulu, région de Shinyanga, au Centre-Ouest de la Tanzanie. KMCL était à ce moment-là une filiale propriété de Sutton Resources, une entreprise dont le siège se trouve à Vancouver, au Canada.
Les expulsions se sont concrétisées à l'issue de deux années de conflits entre les mineurs et la compagnie au sujet du contrôle des dépôts d'or de Bulyanhulu. Peu de jours après l'opération d'expulsion, des dénonciations graves ont été faites d'après lesquelles plus de 50 mineurs artisanaux seraient morts, enterrés vivants dans les puits d'extraction lorsque les autorités et les fonctionnaires de la compagnie ont décidé de colmater les puits.
Le gouvernement tanzanien a refusé d'enquêter sur les atrocités dénoncées. Aucune indemnisation n'a jamais été versée, ni pour la perte des propriétés, ni pour la perte des vies humaines. Et les avocats tanzaniens Tundu Lissu et Rugemeleza Nshala, membres de l'organisation Lawyers' Environmental Action Team et qui ont organisé une campagne sur les assassinats dénoncés, ont été accusés de sédition suite à leurs actions, en arguant qu'ils devaient fournir des preuves à l'appui de leurs dénonciations.
En mars 1999, la Barrick Gold Corporation, un autre géant minier canadien, est devenue propriétaire des dépôts de Bulyanhulu en rachetant la Sutton Resources ainsi que sa filiale tanzanienne. L'Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA), qui s'occupe des risques politiques du Groupe Banque mondiale, et la Corporation pour le développement des exportations (Export Development Corporation) du Canada ont garanti le projet, assurant l'investissement contre les risques de restriction des transferts, d'expropriation, de guerre et de troubles civils.
La Barrick Gold a construit depuis une mine d'or souterraine ultramoderne à Bulyanhulu, inaugurée à grand renfort de trompettes par le président tanzanien Benjamin W. Mkapa en juillet 2001.
Cependant, dans une présentation de la Révision des industries d'extraction de la Banque mondiale réalisée à Maputo, au Mozambique, du 13 au 17 janvier 2003, le Lawyers' Environmental Action Team fournit des évidences abondantes en ce qui concerne les impacts sociaux, environnementaux et économiques de cette mine (visiter l'adresse Internet en bas de page). Cette présentation résume ses conclusions ainsi:
"L'investissement trône comme un monument au pillage des ressources naturelles des pays pauvres comme la Tanzanie, aux mains des corporations multinationales des pays industrialisés et riches du Nord, et à l'appauvrissement et conséquente marginalisation des communautés, surtout rurales, des régions minérales riches de la Tanzanie et autres endroits. Il est le témoignage vivant du principe qui dit que lorsque les intérêts corporatifs multinationaux sont en jeu, les notions de loi, de bonne gestion et de respect des droits de l'homme ont une importance secondaire et peuvent être mises de côté si nécessaire. Ceci est la preuve que la Banque mondiale œuvre presque toujours à l'encontre des intérêts de la plupart des groupes pauvres et marginalisés de la société. Le Groupe ne peut donc plus continuer à exhiber des lettres de créance d'allègement de la pauvreté pendant qu'il soutien des projets socialement ruineux telle que la mine d'or de Bulyanhulu."
D'après: "Robbing the Poor to Give to the Rich. Human Rights Abuses and Impoverishment at the MIGA-Backed Bulyanhulu Gold Mine, Tanzania", Présentation à la Révision des industries d'extraction (EIR) de la Banque mondiale, Maputo, Mozambique, 13-17 janvier 2003, http://www.leat.or.tz/active/buly/eir.submission ; "Tanzanian Attorneys Face Charges of Sedition", émis conjointement avec l'Environmental Law Alliance Worldwide, Oficina EE.UU., Eugene, Oregon, 17 mai 2002, http://www.leat.or.tz/about/pr/2002.05.17.sedition.php , Lawyers' Environmental Action Team (LEAT), courrier électronique: leat@twiga.com