L'Association coordinatrice indigène et paysanne d'agroforesterie communautaire d'Amérique centrale, connue sous le sigle CICAFOC, est une organisation sociale de base communautaire, à but non lucratif, qui regroupe des associations, des coopératives, des fédérations, des groupes communautaires organisés de petits et de moyens producteurs agroforestiers, indigènes et paysans, qui fonctionne en Amérique centrale --intégrée par le Guatemala, Belize, le Salvador, Honduras, le Nicaragua, le Costa Rica et Panama--. Ce sont des groupes qui travaillent pour l'accès, l'usage et la gestion des ressources naturelles, dans la recherche de la sécurité alimentaire et de la durabilité économique des communautés, en harmonie avec l'environnement.
ACICAFOC a été constituée formellement en juin 1994, à l'issue d'une série d'efforts, de rencontres et d'échanges entre les différentes instances communautaires de la région qui travaillent pour la gestion des ressources naturelles. Elles développe ses propres initiatives, elle a de l'expérience, un objectif d'autosuffisance, des principes clairs de transparence et de confiance; elle diffuse des outils permettant l'usage et la gestion des ressources naturelles.
Parmi ses objectifs stratégiques se trouve celui de renforcer les connaissances techniques et locales concernant la gestion des ressources naturelles ainsi que celui d'identifier le potentiel des expériences socio-productives afin de mieux profiter des forêts en tant qu'alternative de développement local tendant à l'amélioration des conditions de vie.
L'ouverture d'espaces politiques au niveau local, national et régional, a renforcé ce processus en cours, et les expériences des communautés indigènes et paysannes ont réussi à obtenir des meilleures conditions de négociation avec les gouvernements locaux, nationaux et régionaux. L'échange d'expériences d'organisation à organisation a fourni une bonne méthodologie. L'échange horizontal a favorisé la transmission des leçons apprises ainsi que celle des techniques associées. Il a permis également de prendre conscience que CICAFOC est une organisation qui soutient les instances locales mais ne représente pas les groupes ni a l'intention de se substituer à eux. Elle prétend favoriser les espaces de négociation avec les universités, les organismes de coopération, les gouvernements et les ONG, ainsi que promouvoir la concertation et le dialogue entre les parties.
CICAFOC représente en Amérique centrale un nouveau style d'influence car elle est à la recherche de soutiens techniques et financiers auxquels les groupes puissent accéder. C'est une organisation faisant des propositions socio-productives qui aspire au renforcement des groupes locaux et qui compte déjà sur 1 036 670 familles involucrées dans le projet.
En ce qui concerne l'usage et la gestion de la forêt, il est à signaler que, parmi un total de 18 millions d'hectares de couverture forestière dans la région centraméricaine, les organisations paysannes et indigènes participant à ce processus, gèrent 2.602.425 hectares, dont 375.749 moyennant des systèmes agroforestiers. Le pourcentage de terres boisées de la région géré par des groupes associés à ACICAFOC est donc de 14,5%, un chiffre encourageant dans la situation actuelle où les communautés du monde entier doivent se battre de plus en plus pour récupérer l'accès et la gestion des ressources naturelles qui ont constitué par le passé leur moyen de vie et leur a été soustrait par les pouvoirs centraux successifs.
Forte du grand nombre de groupes paysans, indigènes et d'origine africaine qui travaillent dans le développement des projets socio-productifs qui renforcent la biodiversité centraméricaine, ACICAFOC demande la reconnaissance du Couloir de l'éco-développement communautaire (CEM) en tant que stratégie régionale de développement des communautés. Le CEM rentre dans le cadre du concept moderne de conservation des forêts en fonction de l'usage et de la gestion adaptés des ressources naturelles de la part des communautés qui dépendent de celles-ci. L'expérience a montré que cette approche est bien plus efficace que celle consistant à délimiter des zones protégées qui excluent les populations locales de leur usage. Le CEM, au contraire, prône l'inclusion des populations locales dans la gestion et l'usage des ressources puisque ce sont elles qui assurent leur durabilité à long terme, en améliorant simultanément les conditions de vie des habitants.
Par Alberto Chinchilla, Facilitateur régional de l'Association coordinatrice indigène et paysanne d'agroforesterie communautaire centraméricaine (ACICAFOC), courrier électronique: oficinaregional@acicafoc.org , page web: http://www.acicafoc.org