Plus de dix années de négociations entre des fonctionnaires gouvernementaux, des groupes de la population locale et des organisations non gouvernementales (ONGs) ont abouti à la rédaction d'un projet de loi des forêts communautaires. Ce serait le premier texte légal thaïlandais à statuer sur la capacité des communautés de l'intérieur et des environs des Réserves nationales de forêts de Thaïlande à utiliser, gérer et protéger leurs forêts, en coopération avec le Département royal des forêts.
L'année dernière, le projet de loi avait été approuvé par la Chambre des Députés, mais il a été bloqué par la suite au Sénat, lequel a proposé des amendements qui auraient dénaturé l'intention originelle et provoqué le déplacement de communautés locales, en particulier des minorités ethniques habitant des aires de forêts protégées telles que les parcs nationaux. Après sa modification par le Sénat, le projet amendé est retourné à la Chambre des Députés. Le nouveau texte aurait dû être à l'ordre du jour de la Chambre fin septembre, mais son traitement a été remis à janvier 2003.
La réorganisation récente du Cabinet, qui comprend la création d'un Ministère des Ressources naturelles, jointe à l'incertitude sur les conséquences politiques de l'approbation éventuelle de la loi, seraient les raisons de cet ajournement dans le traitement du projet, d'après des sources gouvernementales. Lorsque le projet sera soumis à la Chambre, celle-ci aura deux possibilités: accepter les modifications introduites par le Sénat et donc approuver le projet, ou ne pas l'approuver et le remettre à une commission parlementaire nommée à cet effet. Heureusement, la deuxième option semble la plus probable en ce moment. Si la commission est nommée, elle est censée disposer d'un mois pour étudier les amendements, faire les révisions nécessaires et retourner le projet aux deux chambres parlementaires.
Les modifications introduites par le Sénat ont ralenti le rythme du processus dans son ensemble, et provoqué un sentiment de frustration dans des communautés locales, qui avaient besoin d'une approbation de la loi aussi rapide que possible pour éviter le risque potentiel d'être expulsées de leurs foyers dans des zones boisées.
Des groupes de la population locale et des ONGs du Nord de la Thaïlande sont en train d'organiser une grande rencontre sur les forêts communautaires, et d'inviter le Ministre du récemment créé Ministère des Ressources naturelles, et d'autres politiciens, à rallier des appuis politiques. A Bangkok, des universitaires ont organisé un séminaire destiné à leurs collègues pour qu'ils appuient le projet de loi originel que la Chambre des Députés avait approuvé. Une campagne de cartes postales a été lancée par des ONGs et des universitaires de Bangkok, qui ont imprimé des cartes à 60 000 exemplaires en défense du projet de loi. Environ 1 000 universitaires de partout en Thaïlande ont déjà signé une lettre dans le même sens. L'appui international se manifeste lui aussi, par des lettres adressées par des ONGs et des universitaires. (Un modèle de lettre, que vous pouvez signer et poster, est à trouver dans la page web du WRM: http://www.wrm.org.uy/alerts/september02.html#1).
Toutes ces signatures et lettres de soutien seront présentées au Parlement thaïlandais en janvier 2003.
Par Rajesh Daniel, TERRA/PER; courrier électronique: noelrajesh@yahoo.com