Un projet de plantation industrielle au Brésil, qui espérait obtenir des subventions des Nations unies pour piéger du carbone de l'atmosphère, vient d'échouer, d'après le responsable officiel de validation du projet.
Det Norske Veritas (DNV), une société norvégienne nommée par le Fonds prototype pour le carbone (FPC) de la Banque mondiale dans le but de corroborer les énoncés du projet, a exprimé qu'elle ne peut pas déterminer si le carbone pourrait être conservé dans les arbres d'eucalyptus, visés par le projet, un temps suffisamment long pour faire la différence vis-à-vis du climat.
Le Projet Plantar (appelé « Production durable de bois de chauffage et de charbon pour l'industrie de production de lingots de fer ») dans l'état de Minas Gerais, au Brésil, envisage l'utilisation de charbon dans la production lingots de fer par Plantar S.A., à Minas Gerais, avec des fonds obtenus de la vente de crédits de carbone à travers les Mécanismes pour le développement propre (MDL) du Protocole de Kyoto. D'après le FPC, le revenu extraordinaire dérivé de la vente de crédits de carbone augmenterait la rentabilité de la production de lingots de fer à base de charbon de Plantar, évitant ainsi que cette industrie soit abandonnée.
Le projet comprend principalement la plantation de 23 100 hectares d'eucalyptus clonés de haut rendement. Il est prévu également d'améliorer les presque 2000 fours de carbonisation existants afin de réduire leurs émissions de méthane et de particules. Mais dans le rapport de validation de DNV, on peut lire que : « Le projet sollicite des crédits en fonction de la capacité moyenne de stockage des plantations. Pourtant, ce stockage génère des bénéfices à long terme par rapport à la mitigation des changements climatiques uniquement si le CO2 est éliminé de façon permanente par les plantations… étant donné que l'UNFCCC (Convention sur les changements climatiques) n'établit pas de conditions en ce qui concerne la permanence des activités de piégeage de carbone en vertu des MDL, DNV ne peut pas établir une conclusion définitive en affirmant que la permanence du piégeage de carbone est suffisante afin d'assurer des bénéfices à long terme vis-à-vis de la mitigation des changements climatiques. »
La conclusion est claire : la valeur des crédits de carbone piégé de Plantar doit être zéro. Si l'activité en question ne produit pas de bénéfices climatiques à long terme, la valeur en dollars des crédits générés doit refléter cette situation. Autrement, Plantar gagnera des millions de dollars avec la fente de crédits que n'ont aucune valeur climatique.
D'après l'article 12.5(b) du Protocole de Kyoto, la réduction des émissions par les MDL doit provenir d'activités produisant des « bénéfices réels, mesurables et à long terme concernant la mitigation des changements climatiques ». Les crédits de piégeage de carbone de Plantar ne remplissent pas cette conditions, d'après DNV.
Ceci met en question la viabilité de tout le projet. Comme l'a exprimé Plantar elle-même, si elle n'obtient pas de crédits pour subventionner la réalisation des plantations, elle ne pourra pas replanter, et donc, ne pourra pas non plus fournir suffisamment de charbon à ses installations de production de lingots de fer, auxquelles correspondent les crédits restants. Finalement, tout le projet a été établi sur la base des ventes de crédits qui ne produiront pas de bénéfices à long terme vis-à-vis du climat.
Celui qui achètera les crédits de carbone de Plantar se ferait complice des sociétés et des gouvernements respectant théoriquement leur engagement de réduire les émissions de carbone au moyen de crédits sans aucune valeur écologique ou climatique vérifiable. Par ailleurs, un très mauvais précédent serait créé.
Article basé sur des informations recueillies sur: Ben Pearson, courrier électronique: cdmwatch@indosat.net.id . The Plantar CDM project, "Why it must be rejected by the CDM Board and PCF investors", CDM Watch Briefing Paper, Indonesia, juillet 2002. Page de PCF sur Internet: http://prototypecarbonfund.org/router.cfm?Page=Topics&ECONFID=29