En matière de certification des plantations, le FSC se retrouve dans une impasse où ce qui est en jeu n’est autre que sa crédibilité. Le processus intérieur de révision des normes pour la certification des plantations est très avancé et, en septembre de cette année, le Groupe de Travail constitué à cet effet présentera ses recommandations.
Bulletin Numéro 108 - Julliet 2006
La révision de la certification des plantations par le FSC
LE THÈME CENTRAL DU PRÉSENT NUMÉRO : LA RÉVISION DE LA CERTIFICATION DES PLANTATIONS PAR LE FSC
Le FSC est en train de revoir, depuis octobre 2004, ses normes pour la certification des plantations, sans que l’on puisse savoir encore quelles seront les conclusions de ce processus. Le WRM n’a cessé de manifester son inquiétude au sujet des incidences environnementales et sociales de la certification des plantations d’arbres, soulignant qu’elle affaiblit la lutte des populations locales et fortifie les entreprises de plantation. De ce point de vue, les résultats de la révision en cours ont beaucoup d’importance, autant pour la crédibilité du FSC que pour les populations qui s’opposent aux grandes monocultures d’arbres. Nous espérons que les informations et les analyses présentées dans ce bulletin contribueront utilement au débat, à l’intérieur comme à l’extérieur du FSC.Bulletin WRM
108
Julliet 2006
NOTRE OPINION
CONTRIBUTIONS AU PROCESSUS DE RÉVISION
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2 juillet 2006En novembre 2002, l’Assemblée générale du Forest Stewardship Council a approuvé une motion en faveur d’une révision de ses normes en matière de plantations. À l’époque, les plantations certifiées et générées suivant le système FSC couvraient 3,3 millions d’hectares. Presque deux années plus tard, le FSC a lancé sa révision des normes sur les plantations lors d’une réunion à Bonn, en Allemagne. À ce moment-là, la superficie des plantations certifiées par le FSC était déjà de 4,9 millions d’hectares.
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2 juillet 2006En tant que l’un de ses membres fondateurs, je suis responsable, du moins en partie, d’avoir permis l’existence d’une erreur néfaste dans le système du FSC lorsque celui-ci a été établi : pour le dire sans détours, les organes de certification censément « indépendants » accrédités par le FSC ne sont pas indépendants du tout. Ayant pu observer de près le FSC depuis sa création, il me semble aujourd’hui évident que ce défaut est à l’origine de presque tout ce qui a mal marché, et que c’est la raison pour laquelle nous voyons maintenant tant de certificats délivrés sans justification aucune à des entreprises forestières et à des plantations qui ne respectent pas la plupart des principes et critères (P&C) du FSC.
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2 juillet 2006Le 1er juin 2006 a eu lieu à Vitória, dans l’État brésilien d’Espírito Santo, le séminaire « Les droits des peuples autochtones et l’avancée des agro-industries : problèmes et défis ». À ce séminaire ont participé les communautés tupinikim et guarani et d’autres populations affectées par les grandes plantations d’arbres en régime de monoculture, ainsi que plusieurs secteurs de la société civile de l’État, pour réfléchir sérieusement à la question.
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2 juillet 2006En mars 2006, le WRM a lancé une publication analysant la certification des monocultures industrielles d’arbres en Uruguay (“Greenwash: Critical analysis of FSC certification of industrial tree monocultures in Uruguay”, http://www.wrm.org.uy/countries/Uruguay/book.html). Le livre porte sur les quatre principales entreprises de plantation certifiées et inclut une analyse minutieuse des rapports des certificateurs, accompagnée d’interviews des travailleurs et des membres des populations voisines de la zone où se trouvent les plantations en question. Le rapport conclut que, n’étant pas gérées d’une manière « environnementalement responsable, socialement bénéfique et économiquement viable », aucune d’elles ne remplit les conditions du mandat du FSC.
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2 juillet 2006Le taux de déboisement de l’Équateur est l’un des plus élevés du monde. À cela concourent divers acteurs, parmi lesquels figurent non seulement les grandes entreprises forestières qui, en général, oscillent dans leurs activités d’extraction de bois entre la légalité et l’illégalité, mais également les entreprises qui défrichent pour installer de vastes monocultures d’arbres, qu’il s’agisse de palmier africain, de pins ou d’eucalyptus.
RECHERCHES SUR LES PLANTATIONS CERTIFIÉES
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2 juillet 2006Le « Mouvement d’Alerte contre le Désert Vert » est un grand réseau d’opposition à l’expansion des plantations d’eucalyptus à grande échelle dans la région qui comprend les États de Minas Gerais, Espírito Santo, Bahia et Rio de Janeiro. Son existence et son combat ont leur origine dans la constatation des effets négatifs de ces plantations sur la société et l’environnement. Or, certaines d’entre elles ont été certifiées par le FSC.
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2 juillet 2006En 1999, le programme FACE de Forestación del Ecuador S.A., ou PROFAFOR, a chargé l’entreprise de vérification suisse SGS-Société Générale de Surveillance d’évaluer la gestion de ses 20 000 hectares de monocultures d’arbres dans la sierra équatorienne. En 2000, la SGS lui a délivré un certificat pour le piégeage de dioxyde de carbone (il s’agissait de la première fois où l’on certifiait cette fonction dans des plantations d’arbres, et non dans des forêts réelles) et, en décembre 2001, le label de certification forestière prouvant que les « Principes et Critères » du FSC étaient respectés.
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2 juillet 2006Une étude exhaustive menée en Afrique du Sud par John Blessing Karumbidza (“A Study of the Social and Economic Impacts of Industrial Tree Plantations in the KwaZulu-Natal Province of South Africa”, disponible sur http://www.wrm.org.uy/countries/SouthAfrica/book.pdf) a identifié toute une série d’effets dommageables, d’ordre économique, écologique et social, des monocultures d’arbres, qui affectent les communautés locales, les ressources hydriques et les écosystèmes.
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2 juillet 2006Près de 9 % du Swaziland sont à présent couverts de plantations d’arbres (eucalyptus, pins et acacias). En décembre 2004, Wally Menne, membre de la coalition sud-africaine Timberwatch, a publié son rapport de recherche sur les incidences environnementales et sociales des grandes plantations d’arbres au Swaziland (“Timber Plantations in Swaziland: An investigation into the environmental and social impacts of large-scale timber plantations in Swaziland”, http://www.wrm.org.uy/countries/Swaziland/Plantations.pdf). L’étude de Menne inclut les plantations d’arbres certifiées de Mondi Forests (filiale de l’entreprise géante Anglo American Corporation), qui opère au Swaziland par l’intermédiaire de son associée Peak Timber Ltd et sa partenaire sud-africaine Mondi Timber.
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2 juillet 2006En 1987 fut approuvée en Uruguay une législation destinée à promouvoir, par des exonérations d’impôts et des subventions, les grandes monocultures d’arbres exotiques (surtout des pins et des eucalyptus) pour l’exportation. À partir de ce moment-là, ce pays surtout agricole commença à transformer une partie de ses prairies fertiles en « déserts verts ». Ceux-ci dépassent aujourd’hui les 700 000 hectares.
D’AUTRES CERTIFICATIONS DE PLANTATIONS CONTESTÉES
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2 juillet 2006Les principales entreprises de plantation qui fonctionnent actuellement en Australie et qui ont été certifiées par le FSC sont Albany Plantation Forest Company Pty Ltd (23 509 ha), Timbercorp Forestry Pty Ltd (97 000 ha), Integrated Tree Cropping Limited (166 636 ha) et Hancock Victorian Plantations Pty Limited (246 117 ha).
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2 juillet 2006Le WRM a organisé en 2003 une visite en Colombie pour connaître les populations affectées par les plantations de l’entreprise Smurfit et recueillir des témoignages sur le terrain. L’article rédigé à ce moment-là disait : « Les gens nous ont dit que ‘les plantations ont épuisé l’eau’, que ‘les fumigations ont liquidé tout ce qu’il y avait au sol’, que ‘la faune a pratiquement disparu’, qu’il y avait auparavant ‘des nuées d’oiseaux’ mais que ‘maintenant, en été seulement quelques oiseaux apparaissent, mais pas en hiver’, et qu’il n’y a plus de poisson non plus ».
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2 juillet 2006En avril 2006, la société de certification allemande GFA Consulting Group a décerné le label du FSC aux opérations forestières de la société Endesa-Botrosa et à ses plantations d’arbres de Río Pitzará, un établissement de 8 380 hectares situé sur la côte de l’Équateur (GFA-FM/CC-1267). La certification FSC d’Endesa-Botrosa (qui appartient au groupe forestier Durini) est un rude coup porté sur les communautés locales paysannes, indigènes et afro-équatoriennes, dont les forêts et les styles de vie ont été dévastés par ces entreprises pendant des décennies.
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2 juillet 2006Les forêts irlandaises ont subi un défrichage massif au cours des derniers siècles. Là où les arbres enlevés ont été remplacés on a planté, dans la majorité des cas, des conifères exotiques en régime de monoculture ou presque ; la plupart de ces plantations ont été effectuées par une seule entreprise, Coillte, propriétaire de 438 000 hectares de plantations certifiées. En 2002, Coillte Teorante a obtenu un certificat du Forest Stewardship Council par l’intermédiaire de Soil Association/Woodmark. Auparavant, elle avait été certifiée par la SGS. La certification de ces plantations a été fortement critiquée en Irlande pour de nombreuses raisons, parmi lesquelles figurent les suivantes :
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2 juillet 2006Des organisations espagnoles réclament depuis plus d’un an, sans résultat, l’annulation de la certification de « gestion forestière responsable » délivrée par le FSC à la filiale de l’entreprise de pâte ENCE (Norfor). En juin 2005, l’« Asociación pola defensa da Ria », membre de la Fédération écologiste galicienne (FEG) a adressé à la délégation du FSC en Espagne une demande urgente d’annulation de la certification en question (http://www.wrm.org.uy/actores/FSC/cancelacionNORFOR.pdf), accompagnée d’un rapport critique à ce sujet (http://www.wrm.org.uy/actores/FSC/informeNORFOR.pdf.
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2 juillet 2006Nous rapportons ci-dessous les conclusions présentées dans un rapport de voyage (disponible en espagnol, (http://www.wrm.org.uy/paises/Venezuela/Gira2006.pdf) concernant l’enquête récemment menée par quatre représentants du ‘Réseau latino-américain contre les monocultures d’arbres’ dans la région où se trouvent les plantations de pins d’Uverito, qui s’étendent sur 600 000 hectares dans les États de Monagas et d’Anzoátegui. En 2003, l’entreprise SmartWood en a certifié 12 parcelles, soit 139 650 hectares, appartenant à la société Terranova de Venezuela (TDV). La TDV fait partie du Grupo Forestal Terranova, basé au Chili, qui est associé à d’autres entreprises chiliennes et à des capitaux nord-américains.