En raison de la crise économique prolongée et de la dévaluation de la roupie indonésienne au début de 1997, l’Indonésie fut obligée de demander l’aide du FMI et, vers la fin du mois d’octobre, un premier programme d’aide fut convenu. Le secours financier, d’un montant de 43 milliards USD, comportait la signature d’une lettre d’intention (LDI) stipulant quelques réformes ou ajustements structurels que le gouvernement indonésien devrait appliquer. La première de ces lettres, signée par Suharto, alors président du pays, en octobre 1997, concernait la réforme du secteur bancaire mais ne comportait aucune référence au secteur forestier ni à l’environnement.
Bulletin Numéro 95 - Juin 2005
Les Institutions Financières Internationales - IFIs
LE THÈME CENTRAL DE CE NUMÉRO: LES INSTITUTIONS FINANCIÈRES INTERNATIONALES
Les forêts ne disparaissent pas d’elles-mêmes. À l’origine des processus conduisant au déboisement ou à la dégradation des forêts il y a toujours un enchevêtrement d’acteurs et de politiques qui en sont responsables. Parmi ces acteurs, les institutions financières internationales ont un rôle de choix. Elles encouragent et facilitent des activités dont le solde est une perte considérable de forêts et la violation des droits des peuples qui les habitent ou qui en dépendent. Or, le rôle négatif de ces institutions n’est pas facilement perçu par l’opinion publique en général, car leurs prêts et leurs politiques se présentent déguisés en « aide au développement ». C’est la raison pour laquelle le Mouvement mondial pour les forêts tropicales et les Amis de la Terre International ont décidé de produire ensemble un bulletin sur ce thème, dans le but de jeter un peu de lumière sur les pratiques obscures de ces institutions. Nous espérons que les articles suivants y contribueront.Bulletin WRM
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Juin 2005
LES IMPACTS AU NIVEAU LOCAL
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15 juin 2005Lorsque le 31 mars de cette année la Banque mondiale a approuvé l’octroi de 270 millions USD de prêts et garanties pour le polémique barrage hydroélectrique de mille mégawatts Nam Theun 2 au Laos, la plupart de ses directeurs étaient convaincus que les bénéfices économiques du projet allaient compenser les désavantages qu’il comportait pour la société et l’environnement.
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15 juin 2005Le projet énergétique de Camisea est le plus grand de l’histoire du Pérou. Il concerne l’extraction de gaz naturel dans un site dénommé Bloc 88, situé de part et d’autre du fleuve Camisea, dans une des régions les plus riches du monde en matière de diversité biologique. Le coût de l’ensemble du projet sera de 1 600 millions de dollars, cette somme incluant l’extraction et le traitement du gaz, et la construction de deux gazoducs qui traverseront la cordillère des Andes avant d’arriver au littoral pour le transport du gaz.
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15 juin 2005L’Uruguay est dans la mire de l’industrie de la pâte à papier. La multinationale finnoise Metsa Botnia et la société espagnole Ence ont l’intention d’installer deux usines pour la production de pâte d’eucalyptus (« au sulfate ») blanchie au dioxyde de chlore (processus ECF) ; Botnia entend produire un million de tonnes par an, et Ence 500 000 tonnes, destinées à l’exportation. Les usines seraient situées sur les marges du fleuve Uruguay, que l’Uruguay partage avec l’Argentine, près de la ville de Fray Bentos.
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13 juin 2005« La pire des immoralités est l’ignorance étudiée, le refus délibéré de voir ou de savoir » (Andrea Dworkin) Le ‘développement’ et les Institutions financières internationales (IFI), et les principaux décideurs de celles-ci, essaient de justifier les politiques et les projets destructeurs en affirmant que la politique économique néolibérale est la seule voie vers l’atténuation de la pauvreté et la protection de l’environnement. Le recueil d’articles ici présentés démontre que le fait de persister dans cette affirmation équivaut à un « refus délibéré de voir ou de savoir ».
NOTRE OPINION
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15 juin 2005Jusqu’aux années 1950, les pays n’étaient que des pays tout court. Pendant la présidence de Harry Truman aux États-Unis, les pays ont été partagés en « développés » et « sous-développés », suivant à quelle distance ils étaient du modèle nord-américain. Depuis, l’adjectif « sous-développé », si négatif, a été remplacé par un terme plus positif : « en voie de développement ». Le fait que la plupart des pays « en voie de développement » soient maintenant dans une situation sociale, économique et environnementale plus mauvaise que lorsqu’ils ont été ainsi classés ne soulève pratiquement pas de discussion.
LE RÔLE DES IFI MIS EN LUMIÈRE
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15 juin 2005Le développement peut fournir – et il le fait – de grandes opportunités aux entreprises avides de faire des affaires dans les soi-disant « pays en développement ». Les institutions financières internationales (IFI) se sont avérées extrêmement utiles pour y parvenir, et extrêmement mauvaises pour ce qui est d’améliorer les moyens de vie des populations du sud ou de protéger l’environnement.
LE FINANCEMENT DE LA DESTRUCTION GLOBALE
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15 juin 2005Que personne ne s’y trompe : lorsque le FMI parle d’un « environnement favorable », il parle du monde des affaires, d’un environnement favorable à l’investissement étranger direct, au moyen des opérations de bourse, ou indirect, à travers les opérations des sociétés transnationales. Les allusions sporadiques à l’environnement naturel dans ses prêts, ses donations, ses documents et ses stratégies ne sont là que pour appuyer ses recettes classiques, fondées sur des programmes d’ajustement et de stabilisation qui, bien appliqués, sont censés nous conduire à la croissance soutenue, c’est-à-dire à une croissance soutenue du PIB.
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15 juin 2005Nouvelles politiques, vieux problèmes. Depuis les années 1970, la Banque mondiale s’est efforcée de définir une démarche à l’égard des forêts qui puisse réconcilier son engagement déclaré à l’égard de l’atténuation de la pauvreté et son système de promotion du « développement » par la croissance et la commercialisation directives. Les modèles de développement de l’économie de marché, fondés sur le droit à la propriété privée, ne s’entendent pas bien avec la foresterie conventionnelle. Depuis le dix-huitième siècle, le modèle dominant de « sylviculture scientifique », développé en Europe, s’est opposé au libre jeu des forces du marché en réservant des forêts pour les intérêts stratégiques définis par l’État.
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15 juin 2005Depuis sa création en 1956, la Société financière internationale (SFI) a engagé plus de 44 milliards de dollars de ses fonds propres et arrangé des prêts pour 23 milliards de supplémentaires pour 3 143 entreprises de 140 pays. D’après sa déclaration de mission, la SFI existe pour « encourager le secteur privé à investir de manière durable dans les pays en développement afin de réduire la pauvreté et d’améliorer les conditions de vie des populations ».
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15 juin 2005La mondialisation, dont les entreprises ont été le moteur, a eu d’immenses conséquences négatives sur l’environnement et sur la société, en particulier au Tiers Monde. Les puissances commerciales qui sont derrière ce mouvement ont essayé de faire croire aux gens qu’il s’agit d’une force de la nature impossible à contrôler et que c’est la fameuse économie de marché qui dirige le monde ; pourtant, les gens sont de plus en plus conscients qu’une bonne partie de la dévastation qu’elle provoque est financée et soutenue avec l’argent des contribuables par le biais des agences de crédit à l’exportation, couramment appelées ECA.
LES ACTEURS RÉGIONAUX
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15 juin 2005Créée en 1966, la Banque asiatique de développement (BAsD) se veut « consacrée à réduire la pauvreté en Asie et dans le Pacifique ». Or, les prêts de la Banque au secteur forestier indiquent qu’elle vise en fait la promotion de l’industrie et des entreprises, plutôt que les besoins des pauvres de la région. Le premier prêt de la BAsD au secteur forestier eut lieu en 1977 et, depuis, elle a apporté plus d’un milliard de dollars US à des projets forestiers. Au moins 80 % de cette somme ont été dépensés à établir plus d’un million d’hectares de plantations d’arbres, dont les trois quarts sont des plantations commerciales. De ces plantations, les pauvres profitent très peu, ou pas du tout.
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15 juin 2005La Banque interaméricaine de développement (BID) n’a pas de politique spécifique ni de stratégie sectorielle sur les forêts, car elle allègue que les forêts sont comprises dans d’autres politiques et documents stratégiques, comme ceux qui concernent la réduction de la pauvreté, l’économie rurale, l’agriculture, les ressources hydriques, les ressources côtières et l’énergie. D’autre part, la version actuellement à l’étude d’une ‘Politique sur l’environnement et sur l’application de mesures de sauvegarde’ de la BID touche aussi à la protection des habitats naturels.
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15 juin 2005Les délibérations en matière financière sont menées généralement par des acteurs douteux dans des recoins sombres de l’arène politique. C’est définitivement le cas de la Banque européenne d’investissement, qui n’est que depuis peu sous le feu des projecteurs. Le temps est venu de dévoiler les secrets honteux de la banque maison de l’Union européenne.