Pour la deuxième fois, le Conseil exécutif du Mécanisme de développement propre (MDP) a rejeté les arguments utilisés par Vallourec & Mannesmann do Brasil dans sa demande d'argent sur les crédits carbone de ses plantations industrielles d'arbres.
Lors d'une réunion tenue en Allemagne du 23 au 25 février, le Conseil exécutif du MDP du Protocole de Kyoto a décidé de suivre les recommandations de son panel des méthodologies et de rejeter celles proposées dans la dernière version du projet qui consistent à « éviter la substitution du combustible ». Ce document technique est la base du calcul des crédits carbone qu'un projet MDP peut vendre. V&M do Brasil allègue que, à moins d'obtenir des recettes additionnelles de la vente de crédits carbone, elle ne pourra pas continuer à utiliser le charbon de bois produit par ses plantations d'eucalyptus pour la production de fonte, et devra se tourner vers le charbon minéral, qui est plus dangereux pour le climat.
La crédibilité de ces arguments a soulevé de nombreux doutes. Lorsqu'il a rejeté le premier projet de V&M en mai 2003, le panel des méthodologies du MDP a manifesté des doutes au sujet du scénario présenté par V&M, suivant lequel, sans davantage d'argent en provenance du carbone, la situation actuelle de l'industrie brésilienne du fer rendrait inévitable de se tourner vers le charbon minéral. En février 2004, le panel avait exprimé son inquiétude à propos du « caractère immatériel de l'activité du projet et du risque moral que comporte le fait que [le projet] consiste à continuer de fonctionner comme à présent ».
La décision de rejeter pour la deuxième fois la proposition de V&M est de mauvais augure pour le projet Plantar si controversé, qui inclut lui aussi un élément de « substitution de combustible évitée ». Le projet Plantar entend élargir ses plantations d'eucalyptus sur environ 23 000 hectares de cerrado (un type de savane). Le Fonds prototype du carbone de la Banque mondiale le présente comme son seul projet de puits de carbone, mais il a été critiqué par de nombreuses organisations de la société civile brésilienne en raison de ses effets négatifs sur la société et l'environnement. Les ONG ont contesté cette proposition d'expansion des plantations d'arbres, affirmant que les crédits générés par les plantations d'arbres n'ont aucune valeur du point de vue du climat, entre autres raisons parce que la réduction des émissions ne peut pas être suffisamment vérifiée.
La décision du Conseil exécutif du MDP ajoute du poids aux arguments de ceux qui affirment depuis longtemps que la capacité des plantations d'arbres d'absorber un volume non spécifié de carbone de l'atmosphère n'est pas démontrée, et que la plantation d'arbres pour générer des crédits carbone n'est pas la solution pour éviter un changement climatique dangereux. Au contraire, cela ne fait que détourner l'attention du besoin de créer des sources d'énergie efficaces et d'adapter l'économie à l'utilisation d'énergies renouvelables.
Jutta Kill, SinksWatch, adresse électronique : jutta@fern.org , www.sinkswatch.org .