Parmi les nouvelles pratiques de conservation des forêts du Kenya figure la participation des communautés à leur aménagement. Bien que les collectivités n’y soient pour l’instant que faiblement impliquées, beaucoup de celles qui habitent à proximité des forêts souhaitent maintenant prendre des décisions et profiter d’une gestion et d’une utilisation rationnelles des forêts.
Ce désir de participation a été éveillé par les dispositions d’un projet de loi qui remplacera bientôt la Loi forestière actuelle, et par le travail d’organisations non gouvernementales telles que le Groupe kenyan de travail sur les forêts (en anglais KFWG).
Les forêts kenyanes sont soumises à des types de gestion divers et possèdent une variété de statuts légaux. Pourtant, la plupart des forêts à couvert plein sont classées comme réserves en application de la Loi forestière, et gérées par le ministère des Forêts à l’exclusion de toute autre partie prenante, y compris les collectivités locales.
Cette exclusion a conduit la population à considérer les forêts comme propriété du gouvernement et à ne pas s’en occuper, ce qui a favorisé la multiplication des activités illégales. D’autre part, les ressources du ministère des Forêts ne lui permettent pas de gérer les forêts par lui-même.
Le danger représenté par la diminution accélérée des forêts a exigé de chercher de meilleures approches pour leur aménagement, et conduit à considérer que les communautés des environs et d’autres parties prenantes devraient participer à leur gestion et à leur conservation. C’est ce que le nouveau projet de loi encourage maintenant.
Pourtant, il continue d’attribuer au Ministère ou au Service forestier l’autorité sur les forêts, et exige aux autres parties prenantes souhaitant participer à leur gestion d’avoir un plan d’aménagement qui accompagne une demande adressée au Conservateur en chef des forêts (CCF). Le projet a déjà parcouru toutes les étapes requises et n’attend que sa promulgation par le Parlement.
En attendant la promulgation de la loi, le KFWG a travaillé avec les communautés forestières de cinq régions, de manière à préparer des plans d’aménagement forestier en partenariat destinés à orienter les efforts futurs de conservation. Des populations voisines des forêts d’Eburru, Kereita, Rumuruti, Ngangao et Kitobo ont bénéficié de cette assistance, qui a reçu l’appui de la Fondation Ford.
Les plans d’aménagement visent à impliquer les communautés et d’autres parties prenantes dans la gestion des forêts, et à faciliter l’amélioration de leurs moyens de subsistance par une meilleure méthode de gestion et par l’établissement d’un capital social. Ils sont préparés conjointement avec les communautés concernées, accordent la priorité aux besoins locaux et mettent à profit les ressources locales. Les objectifs sont fixés avec la participation de la population, et le processus exige qu’il y ait consensus au sujet des activités proposées.
Ces plans sont à une étape avancée. Le ministère des Forêts établit maintenant des directives pour l’aménagement forestier en partenariat, et des accords ont été passés en respectant ces directives (qui entreront en vigueur une fois la loi approuvée), pour que les collectivités soient en mesure de participer à la gestion des forêts.
L’un des résultats de ce processus a été la formation au sein des collectivités d’institutions solides, qui n’existaient pas auparavant, pour la gestion des forêts. On constate également une diminution sensible des activités forestières illégales, maintenant que les communautés sont disposées à participer davantage à la protection des forêts. Elles ont été parfois découragées par les délais dans la promulgation de la nouvelle loi, mais le processus dans son ensemble a mené autant la population que les autorités forestières à considérer la gestion communautaire des forêts comme une alternative viable à la gestion par un seul organisme, comme c’était naguère le cas.
Espérons que ces plans contribueront à l’aménagement, la conservation et l’utilisation durables des cinq forêts concernées, et qu’ils favoriseront la notion de gestion communautaire des forêts. Leur importance peut être minime par rapport aux grandes avances effectuées par des pays voisins tels que la Tanzanie, mais ils représentent quand même un progrès.
Par Liz Mwambui, Kenya Forests Working Group, adresse électronique: liz@kenyaforests.org , http://www.kenyaforests.org