La quatrième session du Forum des Nations unies sur les forêts (FNUF-4) se tiendra du 3 au 14 mai 2004 à Genève, pour examiner la mise en oeuvre des propositions d’action du Groupe intergouvernemental sur les forêts (GIF) et du Forum intergouvernemental sur les forêts (FIF) dans cinq domaines : aspects sociaux et culturels des forêts ; savoir traditionnel sur les forêts ; savoir scientifique sur les forêts ; suivi, évaluation et rapport, concepts, terminologie et définitions ; critères et indicateurs de gestion durable des forêts.
Bulletin Numéro 81 - Avril 2004
La Gestion Communautaire Des Forêts
Le thème central de ce numéro : la Gestion Communautaire Des Forêts
Si les forêts continuent de disparaître, ce n’est pas parce qu’on ignore les causes directes et sous-jacentes de la déforestation. Ces causes sont bien connues. En revanche, les causes de la conservation des forêts le sont bien moins. Et pourtant, il est clair dans les tropiques que dès qu’on trouve une forêt en bonnes conditions on trouve aussi, dans la plupart des cas, une communauté autochtone ou locale qui l’habite. Ces communautés ont besoin de la forêt et possèdent les connaissances nécessaires pour l’aménager de manière durable. Ainsi, la solution évidente à la crise des forêts est de renforcer les capacités des populations locales et de créer les conditions nécessaires leur permettant de les gérer convenablement. Nous espérons y contribuer par le présent bulletin, qui apporte des analyses et des expériences concrètes au sujet de la gestion communautaire des forêts.Bulletin WRM
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Avril 2004
NOTRE OPINION
LES FORÊTS COMMUNAUTAIRES : VUE D’ENSEMBLE
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4 avril 2004Bien que très éloignée des forêts tropicales amazoniennes, la Colombie britannique (BC), qui est la province la plus occidentale du Canada, a été baptisée « le Brésil du Nord » en raison du rythme de destruction de ses forêts, où dominent les grandes propriétés commerciales et l’extraction à grande échelle. Or, un petit vent de changement a commencé à souffler avec l’apparition des forêts communautaires, accompagnée de nouvelles méthodes d’aménagement et de gestion. L’une de ces forêts communautaires appartient à Kaslo, un petit village sur les bords du lac Kootenay, dans le Sud-Est de la Colombie britannique.
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4 avril 2004A quoi nous référons-nous lorsque nous parlons de l’aménagement ou de la gestion communautaire des forêts ? Quelles idées sont derrière cette terminologie ? Voyons d’abord le mot « aménagement ». D’après le dictionnaire, il dérive de mesnage, un terme qui, au XIVe siècle notamment, désignait le bois de construction ou les ustensiles de bois. Plus proche de notre époque, l’aménagement est défini en 1771 comme un terme appartenant au domaine de la sylviculture et désignant la réglementation des coupes et l’exploitation d’une forêt. C’est l’époque en Europe de la clôture des forêts communales. Par la suite, ce terme a été étroitement associé à la production de bois à des fins commerciales.
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4 avril 2004Pourquoi les pratiques millénaires d’utilisation de la forêt, que l’on appelle aujourd’hui « gestion communautaire des forêts », sont-elles nées au sein des collectivités traditionnelles ? Pourquoi de telles pratiques ont-elles été quelque chose de naturel pour ces populations ? Il faudrait peut-être parler d’abord d’écosystèmes. Fritjof Capra, dans «Ecology, Community and Agriculture» (http://www.ecoliteracy.org/pdf/ecology.pdf) est clair à ce sujet : « ... la première constatation que l’on fait lorsqu’on observe un écosystème c’est qu’il ne constitue pas une simple collection d’espèces mais une communauté. Cela veut dire que ses membres dépendent tous les uns des autres, qu’ils sont interconnectés à l’intérieur d’un vaste réseau de relations ».
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4 avril 2004En 2002, un certain nombre d’organisations et d’individus qui travaillaient ensemble pour influer sur le Sommet mondial pour le développement durable (SMDD) organisèrent le Caucus mondial sur la gestion communautaire des forêts, et celui-ci réussit à pousser les délégués gouvernementaux à « reconnaître et soutenir les systèmes autochtones et communautaires de gestion forestière de manière à assurer une participation pleine et efficace des populations locales et autochtones à la gestion durable des forêts » (article 45-h du Rapport du SMDD).
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4 avril 2004Cela fait des années que les gouvernements débattent des forêts et passent des accords « juridiquement contraignants » et « non juridiquement contraignants » dans le but déclaré de protéger les forêts du monde. Il peut donc être utile d’examiner ces accords du point de vue de l’aménagement communautaire des forêts, pour savoir quel est le rôle – si rôle il y a – assigné par les gouvernements aux populations qui habitent les forêts ou qui en sont tributaires. Le Sommet de la Terre de 1992
DES EXPÉRIENCES LOCALES À PARTAGER
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4 avril 2004Parmi les nouvelles pratiques de conservation des forêts du Kenya figure la participation des communautés à leur aménagement. Bien que les collectivités n’y soient pour l’instant que faiblement impliquées, beaucoup de celles qui habitent à proximité des forêts souhaitent maintenant prendre des décisions et profiter d’une gestion et d’une utilisation rationnelles des forêts. Ce désir de participation a été éveillé par les dispositions d’un projet de loi qui remplacera bientôt la Loi forestière actuelle, et par le travail d’organisations non gouvernementales telles que le Groupe kenyan de travail sur les forêts (en anglais KFWG).
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4 avril 2004Les forêts et les régions boisées couvrent environ 24% (soit 5 millions d’hectares) de la superficie totale de l’Ouganda. De cette étendue, 80% correspondent à des forêts, 19% à des forêts humides d’altitude et 1% à des plantations commerciales. Environ 30% de ces forêts et régions boisées sont classés comme forêts protégées et tombent sous la juridiction gouvernementale. Les 70% restants sont soumis à diverses formes de contrôle privé ou coutumier.
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4 avril 2004A l’issue de la Conférence nationale sur la propriété communautaire des forêts qui s’est tenue du 2 au 4 avril 2004, environ deux cents représentants de diverses organisations ont décidé ensemble de s’opposer à la Banque mondiale pour sauver les forêts. La conférence était organisée par le mouvement Jharkhand Save the Forest, le Forum national des habitants et travailleurs des forêts et le Delhi Forum, et elle a eu lieu à Chalkhad, un village forestier de l’État de Jharkhand, dans la région orientale de l’Inde, où les populations autochtones sont majoritaires.
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4 avril 2004Les communautés autochtones ont pratiqué une gestion durable des écosystèmes de base communautaire pendant des siècles. Ces méthodes sont intégrées aux croyances et aux savoirs locaux, et sont fondées sur la sagesse et l’expérience des générations passées. Elles contribuent au bien-être économique des collectivités locales et à celui de la nation indonésienne.
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4 avril 2004En quelques années, la conservation privée s’est étendue sur presque un million d’hectares dans le Sud du Chili, dépassant ainsi la surface boisée qui appartient officiellement aux communautés, en une expansion comparable à celle des entreprises forestières planteuses de pins et d’eucalyptus qui, à l’heure actuelle, occupent plus de deux millions d’hectares. Tout à coup, la société chilienne a vu apparaître un mouvement explosif de conservation privée, conduit par des hommes d’affaires et des organisations surtout nord-américaines, qui a entraîné dans son sillage de grands entrepreneurs nationaux et d’autres groupes de la société chilienne.
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4 avril 2004Les peuples Uitoto de la région d’Araracuara, située au cours moyen du fleuve Caquetá, ont en commun des caractéristiques socioculturelles et, en particulier, un système de production fondé sur l’utilisation durable de trois espaces différents : la forêt, le fleuve et la « chagra » (une éclaircie dégagée dans la forêt et destinée à la polyculture). Le système en question a été établi en ordonnant les connaissances sur la structure de la forêt transmises d’une génération à l’autre pendant des milliers d’années et complétées par l’utilisation de différents types de paysage, la plantation d’une grande diversité d’espèces et des techniques propres d’utilisation des terres. L’établissement de la « chagra » est l’aboutissement du parcours ordonné de cinq étapes :