La Conférence des parties de la Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique se tiendra à Milan, Italie, du 1er au 12 décembre. Malheureusement, les espérances quant aux résultats positifs de la rencontre sont extrêmement faibles, du fait que le processus dans son ensemble s’est détourné du changement climatique pour se centrer sur commerce des émissions de carbone. La rencontre portera surtout sur les manières de faire de l’argent, à moins que la pression du public force les délégués des gouvernements à se réorienter dans la bonne direction.
Bulletin Numéro 76 - Novembre 2003
Le changement climatique
LE THÈME CENTRAL DE CE NUMÉRO : le changement climatique
Le présent numéro du bulletin du WRM est entièrement consacré au thème crucial du changement climatique. Son objectif est de fournir aux lecteurs des informations et des analyses destinées à augmenter leur capacité d’affronter les fausses solutions que les gouvernements proposent pour servir les intérêts des grandes entreprises. Le changement climatique nous concerne tous, et il touchera encore davantage les générations futures. La vie sur terre est en danger, et la société civile doit intervenir pour obliger les gouvernements à changer de cap. Nous espérons que les informations contenues dans ce bulletin encourageront les gens à inscrire le problème du changement climatique dans leurs agendas sociaux et environnementaux, afin d’augmenter la pression pour que deviennent possibles les solutions réelles du problème.Bulletin WRM
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Novembre 2003
NOTRE OPINION
INTRODUCTION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE
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14 novembre 2003Le climat de notre planète est un système complexe qui résulte de l’interaction de cinq facteurs : l’atmosphère, les océans, les régions de glace et de neige (la cryosphère), les organismes vivants (la biosphère) et les sols, sédiments et rochers (la géosphère). Tous sont, à leur tour, liés au soleil. C’est seulement dans ces termes qu’il est possible de comprendre les flux et les cycles de l’énergie et de la matière de l’atmosphère, ce qui est indispensable pour rechercher les causes et les effets des changements climatiques. Mais à ces facteurs il faut également en ajouter un autre : le facteur anthropogénique, qui résulte de l’activité humaine. De la serre à la fournaise
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14 novembre 2003Le Sommet de la Terre, creuset de la prise de conscience et de l’espoir Le premier Sommet des Nations unies pour le développement durable (Rio de Janeiro, 1992), ou Sommet de la Terre, a planté les jalons de l’éveil de la conscience environnementale mondiale. Malgré les grands désaccords sur les rapports de l’environnement et du développement, de nombreux dirigeants nationaux y ont exprimé leur inquiétude au sujet de la manière dont le modèle de développement dominant avait eu des effets nocifs pour l’environnement et aggravé la pauvreté. Finalement, vingt ans après le premier Sommet de la Terre de 1972, l’environnement prenait le devant de la scène, et les changements que les gouvernements promettaient d’appliquer éveillaient de grands espoirs.
LES MÉCHANTS
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14 novembre 2003La crise du climat ressemble de près à d’autres crises environnementales. Se mettre d’accord avec l’interprétation scientifique est un problème mineur. Ce qui est plus difficile, c’est d’organiser des stratégies d’action démocratiques et efficaces. Dans quel panorama politique les activistes du climat doivent-ils se mouvoir ? Avec qui peut-on passer des alliances, et comment ? Quels sont les bons, et quels les méchants ? Pour beaucoup d’environnementalistes, dans le Nord surtout, les choses paraissaient naguère très simples.
LES BONS
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14 novembre 2003Pour le commun des mortels, le changement climatique semble un thème très compliqué dont la solution est exclusivement entre les mains des experts techniques et des gouvernements. Pourtant, de nombreux secteurs de la société civile organisée sont en train de faire des apports positifs dans ce domaine, et se retrouvent souvent confrontés aux mêmes gouvernements qui se sont engagés à résoudre le problème. Les habitants de la forêt De nombreux peuples autochtones et communautés traditionnelles de la forêt mènent des combats de résistance contre des activités qui non seulement sont nuisibles pour leurs conditions de vie mais contribuent en outre à aggraver le problème du changement climatique.
DES DÉPOTOIRS DE CARBONE DANS LE SUD
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14 novembre 2003Le projet Plantar du Fonds prototype du carbone (FPC) de la Banque mondiale a été sévèrement critiqué par des ONG et des mouvements de la société civile depuis qu’il est apparu comme la première plantation industrielle d’eucalyptus réclamant des crédits carbone en application du Mécanisme de développement propre du Protocole de Kyoto. Le projet Plantar couvre 23 100 hectares de plantations d’eucalyptus pour la production de charbon de bois destiné à la production de fonte brute. C’est un des plus grands projets du FPC, exigeant des crédits pour 12,8 millions sur plus de 21 ans, c’est-à-dire plus que l’ensemble des 13 projets d’énergies renouvelables figurant dans le site du FPC sur la toile.
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14 novembre 2003Le Mécanisme de développement propre (MDP) du Protocole de Kyoto, issu de la Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique, risque d’être tout à fait inutile pour ce qui est de l’évolution du climat, mais il pourrait être une bonne affaire pour certains. En effet, il suppose que les compagnies qui investissent dans des projets qui arrêtent ou réduisent les émissions dans un pays du Sud recevront en retour des réductions d’émission certifiées (REC) que les pays industrialisés pourront faire valoir pour tenir les engagements figurant dans le Protocole de Kyoto.
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14 novembre 2003La Banque asiatique de développement (BAsD) a de grands projets pour les plantations au Laos. Le Mouvement pour les forêts tropicales (World Rainforest Movement) a eu accès à un rapport filtré d’une mission récente de la BAsD au Laos, lequel décrit comment la banque espère attirer des compagnies internationales de la pâte et du papier pour qu’elles investissent dans ce pays. Au cours des dix dernières années, la BAsD a financé la plantation d’environ 12 000 hectares au Laos par l’entremise de son « Projet de plantations industrielles d’arbres », doté de 11,2 millions de dollars. Dans le cadre de son « projet de plantations forestières pour l’amélioration de la subsistance », la banque entend financer 30 000 hectares de plantations.
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14 novembre 2003Au cours de cette année, plusieurs fonctionnaires gouvernementaux de l’Ouganda ont reçu de vastes concessions de terres aptes à l’afforestation et au reboisement suivant le Mécanisme de développement propre du Protocole de Kyoto (voir Bulletin Nº 74 du WRM). En réponse aux pressions publiques, le ministère des Eaux, des Terres et de l’Environnement a émis une déclaration où il était dit que ces octrois de terres devaient être considérés comme faisant partie d’un projet du ministère destiné à « revitaliser » les forêts dégradées en les allouant à des entreprises privées par l’intermédiaire du Département forestier.