Articles de bulletin

Pour certains peuples indigènes, les paroles sont sacrées et doivent être utilisées avec soin. En revanche, dans le monde numérisé, accéléré et mondialisé, les paroles n’ont rien de sacré ; n’importe quel type de mot est utilisé, généralement sans avoir conscience du sens de ce qu’on vient de prononcer ou de taper. Il arrive, souvent sans le vouloir, que l’on finisse par renforcer les idées et les valeurs impliquées dans les mots dont nous nous servons.
Selon plusieurs dictionnaires, l’accaparement désigne l’accumulation d’un bien en quantité supérieure à ce qu’il faut pour satisfaire les besoins ordinaires, au détriment des autres, dans un but lucratif ou par désir de possession.
L’Ouganda, comme n’importe quel autre pays africain, est en train de promouvoir les plantations sous prétexte de créer des revenus et d’autres avantages pour les Ougandais, et détruisant au passage de nombreuses ressources naturelles comme les forêts, les zones humides et pentes des montagnes. Au cours des dix dernières années, des milliers d’hectares de forêts ont été détruites et remplacées par des plantations industrielles.
En quatre ans, les plantations de palmier à huile se sont élargies de 160 %, ce qui a désavantagé et marginalisé les communautés indigènes et contribué à une perte massive de biodiversité
La certification des plantations industrielles d’arbres permet de légitimer la monoculture à grande échelle qui, à son tour, implique l’accaparement de terres. La certification des plantations industrielles d’arbres que fait le FSC (Forest Stewardship Council) a servi à légitimer la monoculture à grande échelle. Le programme d’accréditation du FSC, reconnu à l’échelon international, garantit aux consommateurs que les entreprises qui portent son label gèrent les forêts de façon bénéfique à la société, appropriée pour l’environnement et économiquement viable.
Bien que l’accaparement de terres soit généralement associé à l’appropriation de terres pour la réalisation de grandes plantations industrielles où l’on cultive des produits d’exportation ou pour des projets de conservation tels que REDD, les Ogoni du Delta du Niger l’ont subi sous une forme différente : la disparition de leurs territoires, terres traditionnelles, mangroves fertiles et systèmes fluviaux à cause des activités compagnies pétrolières qui dévastent la région depuis des décennies.
Des organisations et des particuliers de l’État de l’Acre et d’autres États du Brésil ont envoyé ce mois-ci une lettre ouverte de dénonciation au gouverneur et à un Groupe de Travail (GT) sur REDD de Californie. La lettre met en question la légitimité d’une consultation réalisée au moyen de trois ateliers en Californie et d’une autre faite sur l’internet, en anglais, sur la manière et les conditions dans lesquelles les crédits REDD+ devraient être inclus dans le marché du carbone qui est en train de se créer en Californie.
Le système REDD a été controversé depuis qu’il a été présenté au cours des pourparlers de l’ONU sur le climat qui ont eu lieu à Bali, Indonésie, en 2007, comme un moyen de réduire la déforestation. En plus de signaler que REDD, en tant qu’instrument du marché du carbone, est une fausse solution du changement climatique, beaucoup de peuples indigènes ont manifesté l’inquiétude que REDD conspire contre leurs droits, qu’il devienne un moyen de diviser les communautés et qu’il mette en péril leur accès à leurs territoires traditionnels et le contrôle qu’ils exercent sur eux.
En mars 2013, les présidents des pays du groupe BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) se sont réunis à Durban, Afrique du Sud. Entourés de nombreuses clôtures pour que les éventuels contestataires ne puissent pas s’approcher d’eux, ils ont discuté de plusieurs questions, dont des projets de coopération. Une des propositions les plus mentionnées dans la divulgation de la réunion a été la création d’une banque de développement des BRICS, avec un capital initial de 50 milliards USD que les cinq pays apporteraient à parts égales.
Dans un contexte mondial de privatisation croissante et de concentration de la richesse, qui se manifeste aussi dans l’accaparement de terres, de nombreux acteurs financiers cherchent à disposer de moyens qui rendent possibles leurs démarches spéculatives. Une énorme circulation d’argent est nécessaire, et les institutions financières internationales et les banques multilatérales s’en sont occupées.
Jusqu’à présent, le débat sur les organismes génétiquement modifiés, ou transgéniques, s’est focalisé sur les produits agricoles et, dans une moindre mesure seulement, sur les arbres génétiquement modifiés. Cela se comprend, car certains produits agricoles transgéniques, notamment le maïs et le soja, sont déjà cultivés à des fins commerciales pour alimenter, directement ou indirectement, les êtres humains, ce qui représente une menace pour leur santé.
L’ONU, qui a patronné de nombreuses initiatives pour freiner la déforestation, vient d’en ajouter une autre à la liste : à partir de 2013, le 21 mars sera la Journée internationale des forêts.   Or, à quoi cela rime-t-il ? En 2011, l’Année internationale des forêts est passée pratiquement inaperçue, et on aurait du mal à trouver une mesure qui ait vraiment réduit la déforestation et qui ait été prise dans le cadre de cette Année de l’ONU.