Articles de bulletin

Mme. Mai appartient à la communauté ethnique Palaung. Elle est mère de trois enfants et habite le village de Pang Daeng, au Nord de la Thaïlande. Depuis quelques semaines, elle campe devant la mairie de Chiang Mai. Comme une centaine d’autres membres de sa communauté, elle est venue demander le gouverneur de Chiang Mai de libérer son mari, M. Tan Bortuk, et d’autres personnes.
La forêt de Yabotí, qui se trouve 300 km à l’est de Posadas, dans la province de Misiones, a été classée en 1995 comme Réserve de Biosphère par l’UNESCO. En plus de son importance en matière de biodiversité, elle est le seul refuge et la seule source de subsistance de deux communautés de l’ethnie Mbyá Guaraní (Tekoa Yma et Tekoa Kapi’i Yvate), deux peuples qui ne sont que récemment entrés en contact avec le monde extérieur et qui se voient maintenant menacés par les intérêts de l’entreprise Moconá Forestal S.A.
La longue résistance du peuple U’wa en défense de ses droits ancestraux à la vie et à leurs terres et contre les projets d’exploitation pétrolière dans leur territoire traditionnel semble n’avoir pas de trêve (voir bulletins nos 10, 22, 29 et 38 du WRM). Le Plan Colombie, Ecopetrol et ses entreprises pétrolières associées et l’indifférence du gouvernement menacent le territoire des U’wa, qui est pour eux « le coeur du monde. Les veines qui nourrissent l’univers le traversent. Si on le détruit, le monde se videra de son sang ».
L’intégrité du Parc national Yasuní (PNY), situé au coeur de l’Amazonie équatorienne, est en péril en raison du démarrage imminent des activités pétrolières de l’entreprise étatique brésilienne Petrobras (Petrobras Energia Ecuador).
Dans la ville de Cajamarca, au Nord du Pérou, des milliers de paysans, d’étudiants et d’organisations sociales luttent contre les projets de l’entreprise minière Yanacocha de faire des explorations dans le mont Quilish, dont les versants alimentent les fleuves Grande et Porcón. Le principal actionnaire de Yanacocha est la société minière nord-américaine Newmont, suivie de l’entreprise péruvienne Buenaventura et de la Société financière internationale de la Banque mondiale.
Les représentants des communautés propriétaires de terres de la province d’Oro, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, se sont réunis le 12 mars 2004 à Popondetta, au cours du premier Forum sur les Droits fonciers et la Gestion communautaire des Ressources naturelles. S’engageant à assurer la gestion durable des ressources et à protéger leurs droits à la propriété de ces ressources, ils ont déclaré:
Des siècles durant, les peuples des forêts et ceux qui en étaient tributaires ont été capables de s’adonner à l’agriculture et à l’élevage d’une manière compatible avec la conservation de l’écosystème forestier. L’agriculture sur brûlis, que les experts occidentaux ont plus tard méprisée, était en fait une méthode qui, tout en permettant la subsistance des communautés qui la pratiquaient, n’avait que des conséquences mineures et réversibles pour les forêts. Dans la langue d’aujourd’hui, cette méthode serait appelée « durable ».
Les forêts tropicales ont été habitées, pendant des milliers d’années, par des communautés qui en ont tiré leur subsistance de diverses manières, y compris par l’agriculture. La méthode de production agricole utilisée prenait en compte les interactions des cultures et n’impliquait pas la destruction des forêts mais leur coexistence. Ces populations concentraient dans certaines zones les espèces destinées à la consommation humaine, dans un cadre de diversité et sans porter atteinte aux fondements biologiques de la forêt.
En 1944, la Fondation Rockefeller finança l’introduction d’une série de technologies dans la production agricole du Mexique ; c’était le début du modèle de production agricole appelé « Révolution verte », centré sur l’utilisation de « variétés de haut rendement » cultivées sous la forme de monocultures, accompagnées d’un paquet technologique qui incluait la mécanisation, l’irrigation, les engrais chimiques et l’utilisation de pesticides.
À partir du XVe siècle, les progrès de la technologie permirent à l’Europe de dessiner la carte du monde par l’invasion du continent américain, l’anéantissement de la quasi-totalité de la population autochtone et la prise du pouvoir économique et politique sans restriction aucune.
L’agriculture et l’élevage sont des causes directes de déforestation, mais il faut regarder en profondeur pour savoir comment ces activités surgissent, ce qui les favorise et qui en profite. On pourrait dire qu’il s’agit d’un processus en entonnoir. À la périphérie se trouve la partie la plus visible : la disparition des forêts qu’elles provoquent.
Le déboisement des forêts tropicales s’est produit au rythme de 10 à 16 millions d’hectares par an durant les deux dernières décennies, et rien n’indique qu’il aille ralentir. Seize pour cent de l’ensemble de la forêt amazonienne sont déjà disparus et, chaque jour, 7 000 hectares supplémentaires se perdent, soit une surface de 10 km sur 7 km. Les causes de cette situation sont complexes et souvent liées entre elles ; l’agriculture commerciale à grande échelle en est une.