L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) vient de publier son Évaluation des ressources forestières mondiales 2005. Le communiqué de presse correspondant commence par une déclaration inquiétante : « La déforestation se poursuit à un rythme alarmant », mais la suite nous rassure immédiatement, car nous y apprenons que « Néanmoins, le taux de pertes nettes de forêts ralentit ». Beaucoup trouveront cela quelque peu sibyllin.
Articles de bulletin
Comme presque toutes les grandes forêts tropicales continues du monde, les écosystèmes de forêt tropicale de l’Afrique sont menacés par l’exploitation forestière, parmi d’autres causes de déboisement directes et indirectes. Or, ces forêts riches en diversité biologique constituent un habitat indispensable, non seulement pour les peuples et les espèces autochtones de la région mais pour ceux et celles de la terre entière.
Une production non durable pour une consommation non durable : c’est le cas du pétrole brut, pilier de l’industrialisation et de ce qu’on appelle la « croissance » moderne prônée par le libre commerce mondial.
Ce pétrole a un coût très élevé qui passe inaperçu, et que les macro-économistes « externalisent ». Mais ce coût est loin d’être extérieur pour les communautés locales, qui le supportent dans les poumons, la peau, les yeux, le ventre, la vie et la mort quotidiennes de leurs membres.
La société sud-africaine de la pâte et du papier, Sappi, projette d’accroître de plus de 200 000 tonnes la capacité de production annuelle de son usine Sappi Saiccor, qui est le plus grand producteur du monde de pâte à papier chimique (pâte à dissoudre). Cette usine située à Umkomaas, à environ 50 kilomètres au sud du port de Durban, produit à l’heure actuelle quelque 600 000 tonnes de pâte chimique par an.
Les forêts tropicales ont été les principales victimes de la tendance croissante à établir des plantations de palmier à huile, car celles-ci y trouvent le sol, l’eau et l’énergie solaire dont elles ont besoin (voir le bulletin nº 47 du WRM).
La démarche habituelle consiste à défricher une zone déterminée de la forêt pour y établir ensuite une plantation destinée à la production d’huile de palme et d’huile de noyau. Mais il arrive aussi que les entreprises « nettoient » la forêt entière en y mettant le feu, comme cela a été le cas en Indonésie où il y a eu d’énormes incendies.
L’industrie indonésienne de la pâte et du papier exerce à l’heure actuelle une énorme pression sur les forêts. Malgré cette situation, on projette maintenant de construire dans la province de Kalimantan du Sud une nouvelle usine de pâte et de particules de grande envergure, qui coûtera 1,2 milliards de dollars.
Les Penan du Sarawak luttent pour leurs droits à la terre et aux forêts depuis plus de vingt ans, non seulement en faisant des barricades sur les routes des entreprises forestières mais en revendiquant au tribunal leurs droits coutumiers autochtones. Malgré la résistance permanente que rencontrent les activités forestières et les plantations effectuées dans le territoire natal des Penan, le gouvernement du Sarawak et ses concessionnaires (les entreprises forestières et de plantation) continuent d’ignorer leurs droits fonciers.
Les Wanniyala-Aetto (« le peuple de la forêt ») sont les habitants autochtones de Sri Lanka, un peuple gentil de chasseurs-cueilleurs qui eut des rapports durables avec son environnement de forêt tropicale pendant dix-huit millénaires.
Pris d’un accès d’enthousiasme environnementaliste stimulé par les offres financières généreuses du Fonds pour l’Environnement mondial, le gouvernement de la Thaïlande s’est mis à établir des parcs nationaux aussi vite que le département forestier royal peut en dessiner les cartes. Il y a dix ans, les rares parcs qu’il y avait en Thaïlande n’étaient pas démarqués et n’existaient que sur le papier, de sorte que peu de Thaïlandais savaient qu’ils étaient là. A présent, la carte du pays montre 114 parcs terrestres et 24 parcs marins.
En novembre de cette année, le peuple guarani d’Itika Guasu, qui habite dans la province d’O’Connor du département de Tarija, où se trouve le grand gisement gazier de Margarita, s’est réuni en assemblée.
Partout où elle s’installe, l’industrie de la pâte et du papier promet de créer du travail. Malheureusement, pour les gens qui habitent la région que cette industrie envahit, ces promesses ne deviennent presque jamais des réalités. Dans un rapport récemment paru du Mouvement mondial pour les forêts tropicales, Alacir De’Nadai, Winfridus Overbeek et Luiz Alberto Soares rapportent qu’Aracruz Celulose, le plus grand producteur du monde de pâte blanchie d’eucalyptus, a échoué à donner du travail aux gens du pays.
Les forêts tropicales du Pacifique colombien, qui constituent le Territoire Région du Pacifique et sont l’une des zones les plus riches du monde en diversité biologique, ont été habitées depuis très longtemps par les communautés riveraines noires. Leurs membres ont été les derniers citoyens colombiens auxquels on a reconnu le droit de propriété sur les territoires qu’ils ont occupés et utilisés pendant des siècles. La constitution de 1991 a reconnu leurs droits collectifs sur les territoires occupés traditionnellement.